L’AUGMENTATION hivernale de la grippe pose la question du déterminant météorologique. A priori, les scientifiques ayant présumé que l’humidité est un facteur important, les recherches se sont focalisées sur l’humidité relative, c’est-à-dire le rapport entre la teneur en vapeur d’eau dans l’air et le taux de saturation, qui varie avec la température. Récemment, une nouvelle analyse des études de laboratoire indique que le facteur influent serait plutôt l’humidité absolue, qui se révèle moduler fortement la survie dans les voies aériennes des virus Influenza ainsi que leur transmission. L’humidité absolue quantifie la teneur en eau dans l’air ambiant, indépendamment de la température.
« Nous avons transposé ces observations à l’échelle de la population humaine dans les États-Unis, en considérant les chiffres d’humidité absolue relevés pendant une période de 31 ans. » Un modèle mathématique a été bâti incluant les épidémies de grippe. Les simulations réalisées en utilisant ce modèle reproduisent les cycles saisonniers de la grippe partout aux États-Unis.
Les auteurs constatent « que le début de l’augmentation de la mortalité hivernale en relation avec les virus Influenza aux États-Unis est associé à un taux d’humidité absolue anormalement bas au cours des semaines précédentes. »
Dans 55 à 60 pour cent des épidémies.
« La période sèche n’est pas une condition nécessaire pour que l’épidémie se déclenche, mais elle existe dans 55 à 60 pour cent des épidémies que nous avons analysées », indique Shaman. La réponse du virus est presque immédiate ; les taux de transmission et de survie du virus augmentent et environ 10 jours plus tard, la mortalité associée à la grippe s’accroît.
Bien que les observations de Shaman et coll. étayent le rôle de l’humidité absolue dans la survenue de la grippe, cela ne permet pas de prédire l’arrivée de la prochaine épidémie.
Ils ne décrivent pas non plus d’association avec la sévérité de l’épidémie « qui dépend aussi d’autres variables, telles que le type de virus, sa virulence, ainsi que des facteurs liés aux hôtes, comme une susceptibilité particulière d’une population ou comme les types d’interactions entre les sujets. »
L’épidémiologiste Marc Lipsitch ajoute, en commentaire, que cette analyse devrait avoir des retombées pour d’autres maladies, dans la mesure où les variations saisonnières de la grippe aident à comprendre les variations d’autres maladies infectieuses - pneumocoques et méningocoques - ou non infectieuses comme les infarctus du myocarde et les AVC.
PLoS Biology, publication en accès libre, février 2010, vol. 8, n° 2.
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