LA COMMISSION EUROPÉENNE ne fait que son travail. À l’égard de la France, elle a fait preuve de beaucoup de patience. Désireux de lancer son TEPA (une somme de mesures en faveur du travail et de l’emploi) en 2007, M. Sarkozy avait demandé à Bruxelles un délai supplémentaire pour résorber les déficits publics. Voilà que la crise l’oblige à reporter au-delà de la fin de son mandat le retour de nos budgets à l’équilibre. La commision ne l’entend pas de cette oreille. Elle s’apprête à demander des comptes à la France sur un dérapage qui devient considérable et risque de s’aggraver.
Insatiables besoins sociaux.
Quand la crise financière a éclaté avec une brutalité sans précédent en septembre 2008, la France y était particulièrement mal préparée. En dépit des efforts du ministre du Budget, Éric Wrth, et des dispositions destinées à limiter le nombre de fonctionnaires, elle avait dû financer d’insatiables besoins sociaux. En septembre dernier, le gouvernement était entre la marteau et l’enclume : des revendications sociales croissantes d’un côté, des déficits inquiétants de l’autre. Or il n’existe pas d’autre remède connu à la crise, et pour autant que ce remède soit efficace, qu’une augmentation des dépenses publiques. Plusieurs des décisions gouvernementales étaient soit des garanties qui n’exposent à aucun débours, soit des prêts remboursables (aux banques en particulier). Mais le très fort ralentissement de l’activité se traduit maintenant par une baisse impressionnante des recettes de l’État. Pour 2009, le déficit budgétaire et social atteindra un montant sans précédent (entre 60 et 80 milliards). N’est-ce pas le cas de tous les grands pays occidentaux ?
Aux critiques de la Commission, la France peut au moins objecter qu’il a été impossible à ce jour d’organiser un plan de relance européen et que si un tel plan avait vu le jour, le creusement des déficits nationaux aurait été approuvé dans la foulée. Paris fait l’objet d’une autre accusation, concernant le soutien financier à notre industrie automobile ; au lieu de désigner la France comme un vilain canard, nos partenaires européens oublient de dire qu’ils prennent eux-mêmes des dipositions comparables pour leur propre industrie et que, s’ils ne l’ont pas fait encore, ils seront contraints de le faire. Ils n’ont pas le choix. M. Sarkozy a compliqué ses relations avec l’Europe en préconisant le sauvetage de l’automobile française et en dénonçant les délocalisations. C’est un écart de langage par rapport à l’orthodoxie libérale européenne. Mais la crise, elle, n’est pas orthodoxe et réclame l’intervention de tous les États, pas seulement de l’État français. Si un jour PSA et Renault redeviennent prospères, nul ne doute qu’elles délocaliseront de nouveau. Les deux firmes n’auront aucun moyen de le faire si la crise les fait disparaître.
On reconnaîtra que la France n’a pas été, depuis deux ans, d’une rigueur sans failles s’agissant de ses déficits. Ce qui n’empêche pas de se demander si la commission européenne prend la mesure exacte de la crise, si elle ne doit pas elle-même se réveiller et préconiser, à son tour, un plan comparable à celui de Barack Obama, bref si, en faisant un procès à la France, elle ne s’occupe pas d’une querelle de doctrine pendant que le continent s’enfonce dans l’appauvrissement et le désespoir.
Sacrifier la réflexion à la posture.
L’autre accusation, qui revient en boucle, c’est la décision de Nicolas Sarkozy de réintégrer le commandement intégré de l’OTAN. Les socialistes (plus gaullistes qu’eux, tu meurs) se sont emparés de ce dossier, notamment Ségolène Royal, habituée à faire feu feu de tout bois, qui dénonce, avec des accents patriotiques, ce renoncement à la souveraineté française. C’est du pur théâtre. Il y a 47 ans, le général de Gaulle exigeait que la France disposât de l’arme atomique. Il a refusé d’être armé par les États-Unis (comme la Grande-Bretagne) et fait mettre au point une bombe française. Aujourd’hui, nous sommes équipés. Qu’est-ce qui nous empêche de participer de nouveau aux décisions stratégiques de l’OTAN, ne fût-ce que pour faire entendre notre voix ? D’autant qu’au cours des cinq décennies écoulées, nous n’étions pas absents. Nous avons participé aux opérations de l’OTAN dans l’ex-Yougoslavie et en Afghanistan. Et rien ne nous oblige, même si nous sommes membres à part entière, à nous engager dans un conflit. L’OTAN, en outre, n’est pas la simple expression de l’hégémonie américaine ; elle a tenu tête à une URSS menaçante pendant la guerre froide, elle a contribué à l’effondrement du bloc soviétique, elle est encore aujourd’hui l’unique protection des nouvelles démocraties de l’Est contre une Russie dévorée par des ambitions impériales.
Décrire l’OTAN, ainsi que le fait Ségolène Royal, comme une sorte de dragon à la fois pernicieux et périmé, indique seulement que l’ancienne candidate à la présidence de la République sacrifie la réflexion approfondie à sa volonté d’apparaître comme l’incarnation de l’opposition au sarkozysme. On fait de la politique étrangère avec des querelles de clocher. Il s’agissait moins d’exprimer une inquiétude légitime que de damer le pion à Martine Aubry. Mais si demain Mme Royal dirige la diplomatie de la France...
UN PLAN DE RELANCE EUROPÉEN AURAIT ACCEPTÉ LE CREUSEMENT DES DÉFICITS
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