La crise sanitaire et les mesures prises (confinement, fermetures de classes) se sont traduites par un accroissement du surpoids et de la sédentarité chez les enfants de maternelle, démontre une étude publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, ce 26 avril.
L'équipe coordonnée par la Dr Marie-Laure Baranne, de la direction de la protection maternelle et infantile du Val-de-Marne, s'est penchée sur les bilans de santé en école maternelle (BSEM) réalisés de façon systématique chez les enfants de 4 ans de leur département, sur trois années scolaires consécutives, de 2018 à 2021. Les données (taille, poids, sexe, âge, cantine ou garderie, zone prioritaire ou non de l'école) de quelque 48 119 enfants ont été analysées. Ils avaient en moyenne 4,5 ans.
Résultats : entre les années 2018 et 2020, les proportions d'enfants en surpoids ou obèses ont augmenté respectivement de + 2,3 points (de 8,9 % à 11,2 %) et de + 1,8 point (de 2,8 % à 4,6 %). Toutes choses égales par ailleurs, le risque d’être en surpoids est significativement plus élevé en 2020-2021 (de 37 %) qu'en 2018-2019, tout comme celui d’être obèse (de 70 %).
Les auteurs relient ces résultats aux mesures de confinement, qui ont été suivies par les fermetures de classe à répétition : « cet état d’urgence sanitaire a rendu difficile la lutte contre la sédentarité. L’impact sur les enfants de moyenne section du Val-de-Marne est significatif, et nos résultats sont concordants avec les résultats d’autres études », en France, mais aussi aux États-Unis, expliquent les autrices. Plus large, cette dernière étude avait examiné les données de plus de 400 000 jeunes - entre 2 et 19 ans - et avait conclu que leur prise de poids avait, en moyenne, été deux fois plus rapide depuis le début de la pandémie.
Manger à la cantine, un facteur protecteur
Les auteurs ont identifié deux facteurs de risque : être une fille (avec un risque de surpoids augmenté de 65 % et d'obésité de 63 %) et fréquenter une école classée en zone prioritaire (REP) ou prioritaire renforcé (REP +), avec un risque augmenté de 50 % pour le surpoids et doublé pour l'obésité. « Des actions de prévention et de prise en charge devraient donc être menées en priorité au sein des réseaux d’éducation prioritaire et une vigilance devrait être envisagée auprès des filles », lit-on.
À l’inverse, manger à la cantine diminue le risque de surpoids (de 11 %) et d’obésité (de 13 %), tout comme fréquenter une garderie (- 17 % pour le surpoids et -15 % pour l'obésité). « Les habitudes délétères prises pendant les périodes de confinement ont été résorbées lorsque des repas pris en collectivité ont repris. Les enfants ont pu accéder de nouveau à des repas équilibrés et à l’activité physique durant la pause méridienne ; le nombre de prises de nourriture entre les repas a probablement aussi diminué lors de l’assouplissement des mesures de confinement », lit-on.
Reste à analyser l'évolution du statut staturo-pondéral en 2021-2022, indiquent les auteurs, pour savoir si l'on constate un retour à la normale. « Ce n’est pas certain, car si des comportements de type alimentation hypercalorique se sont instaurés, il pourrait y avoir un délai avant que les familles ne reviennent à un mode de fonctionnement plus sain en matière nutritionnelle et physique », craignent les médecins de santé publique.
Lancement de l'étude Enabee chez les 3-11 ans
Santé publique France lance à partir du 2 mai, la première étude nationale sur le bien-être des enfants de 3 ans à 11 ans, avec l'objectif de recueillir des indicateurs qui aujourd'hui font défaut, notamment pour construire des programmes de prévention. Seront notamment recherchés la prévalence des difficultés émotionnelles, les déterminants affectant le bien-être, les liens entre difficultés et maladies ou troubles du développement de l'enfant. Les résultats sont attendus d'ici à la fin d'année 2022 et l'étude devrait être répétée à intervalles réguliers, notamment pour évaluer les effets des mesures de prévention mises en place.
Concrètement, entre mai et juin 2022, 30 000 enfants scolarisés de la petite section de maternelle au CM2 seront tirés au sort, au sein de 600 écoles publiques et privées sous contrat en métropole (en attendant la déclinaison en outre-mer en 2023). Parents et enseignants seront questionnés, ainsi que les enfants à partir du CP. En cas de troubles repérés, une orientation vers un psychologue pourra être proposée. Pour en savoir plus : www.enabee.fr, 08 00 94 25 91
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