LE QUOTIDIEN - Le PLFSS prévoit 2,5 milliards d’euros d’économies pour la branche maladie dans le cadre d’un ONDAM à 2,4 %. Saluez-vous cet effort de redressement ?
JEAN-PIERRE DOOR - C’est surtout la copie conforme des précédents PLFSS ! Il n’y a pas de nouveauté, le texte est vide, creux. On continue de frapper sur l’industrie pharmaceutique, avec une ponction d’un milliard. Sur ce plan, on arrive au bout du rouleau alors que le gouvernement avait pourtant pris des engagements à l’égard du secteur du médicament. Il y a un double discours. On va voir des catastrophes, délocalisations ou plans sociaux. Sur la maîtrise médicalisée, on est dans l’habituel. Et l’hôpital est ménagé...
Tout de même, plusieurs mesures amorcent des réformes de structure : la refonte de la T2A, l’extension des modes de rémunération forfaitaire pour les équipes de proximité, davantage d’autonomie pour les ARS...
La tarification à l’activité, on commence à la foutre en l’air ! Je le regrette. Sous couvert d’ajustements, on remet tout en cause alors que ce mode de tarification visait à responsabiliser les établissements. Il faut lire le texte entre les lignes, on se dirige vers la destruction de la T2A. Mais comme le gouvernement ne sait pas comment s’y prendre, il habille son discours et saupoudre : la valorisation des activités isolées des petits hôpitaux, la T2A modulable... Après la suppression de la convergence tarifaire, c’est l’idéologie socialiste qui continue. On avait créé cette T2A qui a fait ses preuves dans tous les pays européens. C’est un très mauvais signal pour l’hôpital. Il aurait plutôt fallu écouter la Cour des comptes. On a des gisements énormes du côté hospitalier ! Sur 60 milliards d’euros, on pourrait gagner 5 milliards avec la seule chirurgie ambulatoire. Là, on programme 440 millions en tout sur l’efficience hospitalière...
Quant aux nouveaux modes de rémunération forfaitaire en ville, c’était initié dans les PLFSS précédents. On avance à tout petit pas. Il n’y a aucune réforme d’envergure.
La dispensation des médicaments à l’unité est-elle une bonne idée?
Je tire la sonnette d’alarme. Il y a quelques pays où cela se fait. Mais comment la traçabilité à l’unité sera-t-elle garantie ? La personne âgée ne risque-t-elle pas de se tromper plus facilement ? Il faudra encadrer le dispositif.
La redéfinition des contrats responsables doit-elle permettre de peser sur les dépassements d’honoraires ?
Les complémentaires devront surtout respecter leurs engagements et prendre en charge au minimum les dépassements encadrés dans le cadre du contrat d’accès aux soins ! C’est l’avenant 8.
Y a-t-il des amendements que vous défendrez au nom de l’UMP ?
De toute façon, on ne sera pas entendu. Mais on expliquera que ce PLFSS est vide, qu’il risque de dériver faute de croissance, qu’on pourrait gagner beaucoup en touchant au système hospitalier, aux transports sanitaires ou aux indemnités journalières. La maîtrise médicalisée en ville fonctionne, les médecins s’engagent de façon formidable et respectent leur contrat. L’industrie pharmaceutique a une croissance zéro sinon négative. Qu’on réforme l’hôpital, qu’on limite les actes redondants et les prescriptions inutiles et qu’on réforme enfin les recettes de la protection sociale.
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