C’EST LA DEUXIÈME fois que le Dr Jean-Marie Le Guen, médecin converti de longue date à la politique, prend la plume. En 2005, il avait consacré un livre au thème de l’obésité. Cette fois-ci, c’est à la santé tout entière qu’il s’attèle en publiant, jeudi prochain, « Sauvons notre santé… avant qu’il ne soit trop tard » (1).
Son sujet, le député socialiste de Paris le maîtrise parfaitement. D’examens dans l’hémicycle des projets de loi de financement de la Sécurité sociale en réunions au sommet à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), il en connaît toutes les facettes mais aussi tous les rouages. À l’intérieur du PS, où ses positions détonnent parfois, il est l’homme « santé » qui monte, fidèle de DSK finalement rallié à François Hollande dans la course à l’Élysée.
Refusant pour le système de santé un « simple lifting » ou un « énième plan », Jean-Marie Le Guen estime dans son livre que la France est ni plus ni moins « à la veille d’une catastrophe sanitaire ». Annoncés ou déjà à l’œuvre, les dangers fondent sur l’accès aux soins, les ALD, l’hôpital, les comptes, les médecins… Pour les écarter, le député dévoile ses recettes, ne cachant pas qu’elles impliquent des choix difficiles. Certaines ont un goût familier (il est, par exemple, partisan des maisons ou pôles de santé pluridisciplinaires) ; d’autres présentent une saveur plus originale. Ainsi crée-t-il, pour lutter contre les déserts médicaux, un « DUO », droit aux urgences opposables, en vertu duquel « tout citoyen victime d’un accident de la route, d’un infarctus ou sur le point d’accoucher devrait se situer à mois de 30 minutes d’un centre d’urgences » – si ce n’est pas le cas, un patient pourra attaquer l’État.
Pour les médecins que le statut libéral ne séduit plus, Jean-Marie Le Guen invente le statut nouveau d’« entrepreneur solidaire ». Il veut étoffer les rangs de la profession – et augmenter pour cela le numerus clausus –, revoir ses modes de rémunération (les forfaits et le P4P ont les faveurs du député). Au chapitre des remboursements de l’assurance-maladie, il chamboule tout et instaure un « taux de remboursement minimal garanti de 75 % des dépenses de santé ». Aux patients en ALD, il impose un « plan de santé individualisé ».
Le déficit de la Sécu a droit à un traitement particulier. Jean-Marie Le Guen est formel : le trou est « fictif ». « Certains technocrates ont décidé de le laisser en l’état pour justifier la maîtrise des dépenses, d’autres pour justifier des tentatives de privatisation », accuse-t-il avant de plaider pour des dépenses de santé décomplexées mais pas débridées – « S’il faut dépenser plus, c’est à condition de dépenser mieux. »
(1) Éditions du Moment, 240 pages.
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