Le comité scientifique nommé en mai dernier dans le sillon de l’autorisation donné par le parlement italien sur le lancement d’expérimentation en milieu hospitalier de la méthode Stamina a rendu son verdict ce jeudi. La méthode c’est-à-dire les thérapies à base de cellules mésenchymateuses, « n’a aucune consistance scientifique », a déclaré Fabrizio Oleari, président du comité et de l’Institut supérieur de la Santé italienne.
Pour les experts, l’expérimentation en milieu hospitalier autorisé en mai dernier par le parlement italien et financé à hauteur de 3 millions d’euros pendant toute la période d’essai (2 ans) par le ministère de la Santé doit par conséquent être interrompue.
La balle est maintenant dans le camp du ministre de la Santé Béatrice Lorenzin qui a le choix entre trois options. Autoriser la poursuite des essais en milieu hospitalier ou stopper immédiatement l’expérimentation. Elle peut aussi jouer les Ponce Pilate en renvoyant l’affaire devant le parlement.
Pour le bien de la science
La décision du comité d’experts italiens s’inscrit dans la ligne adoptée par la communauté scientifique italienne et internationale très critique quant à la validité de cette méthode qualifiée de « fumeuse ». Lorsque le parlement avait autorisé les tests en mai dernier, plusieurs scientifiques dont le prix Nobel de la Médecine, Shinya Yamanaka, ont saisi la communauté européenne en lui demandant d’intervenir pour le bien de la science.
Du côté de la Fondation Stamina, le président et inventeur de cette méthode, Davide Vannoni accuse les experts d’avoir pris le parti des lobbies pharmaceutiques qui défendent leurs intérêts économiques « et refusent de reconnaître les bienfaits de la méthode ». Cet ancien professeur de lettres et de psychologie s’apprête déjà à saisir les tribunaux pour contester la décision des experts. « Le parlement a autorisé les tests et une enveloppe de 3 millions d’euros a été débloquée. Le rapport négatif des experts qui critiquaient déjà ma méthode avant d’être recrutés pour faire partie du comité, ne peut pas déboucher sur le blocage des expérimentations. Par ailleurs, une quarantaine de personnes sont actuellement soignées avec le protocole Stamina dans des hôpitaux italiens », affirme-t-il.
Plainte des « victimes de la méthode »
Au parlement, la décision des experts a été accueillie comme une douche froide. « Le parlement a visiblement investi sur l’espoir. L’espoir des familles et des patients. Si les experts ont raison, les parlementaires doivent admette leur défaite », estime le président de la commission des Affaires Sociales Pierpaolo Vargiu. En ce qui concerne le milieu scientifique en revanche, personne ne se dit surpris. « Nous avons toujours su ce que vaut la méthode Stamina. Toute la communauté scientifique mondiale a toujours été très critique », a déclaré Michele De Luca, directeur du centre de Médecine régénérative de l’université de Modène et de Reggio Emilia.
Les 62 « victimes de la méthode Stamina », qui ont porté plainte devant les tribunaux, applaudissent la décision du comité. Le ministère de la Santé en revanche n’a fait aucune déclaration. L’affaire est extrêmement embarrassante pour tout le monde. D’abord, pour le comité gouvernemental de programmation économique qui a débloqué la fameuse enveloppe de 3 millions d’euros pour soutenir l’expérimentation. Puis, pour les députés qui ont donné le feu vert aux tests.
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque
Autisme : la musique serait neuroprotectrice chez les prématurés
Apnée du sommeil de l’enfant : faut-il réélargir les indications de l’adénotonsillectomie ?