LA CRISE N’EST PAS FINIE. C’est la plus grave que nous ayons subie depuis 1929. Comment pourrions-nous croire un seul instant que nous la jugulerons en quelques mois ? Le capitalisme, dit-on, est mort. Pour mourir, il faut qu’il existe en tant que doctrine. En réalité, il est produit par le cours naturel des échanges et par opposition aux doctrines qui veulent le réguler ou même le remplacer. Et, d’une certaine manière, la crise était peut-être inévitable. Nous la payons très cher aujourd’hui, mais l’endettement massif des Américains (et des Européens) depuis environ dix ans a alimenté une croissance dont nous avons tous bénéficié à des degrés divers pendant une dizaine d’années. Sans cet endettement « anormal », il n’y aurait pas eu de crise, mais il n’y aurait pas eu de croissance aux États-Unis, pas du tout en Europe, et certainement pas ce développement sans précédent de la Chine, de la Russie, de l’Inde, du Brésil, de bon nombre de pays d’Afrique et d’Asie. La Chine n’a pu parvenir à ce degré d’expansion économique que parce qu’elle a vendu ses productions aux États-Unis. Si l’Amérique sombre, la Chine sombrera aussi. Dire, dans ces conditions, que la Chine va rapidement devenir la première superpuissance et dépasser l’Amérique n’a aucun sens.
La meilleure nouvelle.
Il ne s’agit pas non plus de dénigrer la gestion de leur immense pays par les dirigeants chinois. Aussi intransigeants qu’ils demeurent au sujet des droits de l’homme en général et du Tibet en particulier, ils ont su parfaitement arracher la Chine à l’immense misère où le communisme l’avait plongée en pratiquant le plus débridé des capitalismes. Aujourd’hui, ils ont compris qu’ils devaient développer leur marché intérieur et y créer des structures sociales (très coûteuses) pour échapper aux fluctuations du dollar. Avec le temps, ils diminueront leurs exportations pour améliorer le niveau de vie des Chinois. C’est le chemin qui conduit à une société plus équilibrée, mais pas nécessairement à une superpuissance.
Inversement, quand les Américains auront remis de l’ordre dans leurs affaires, réduit leur énorme dette, accumulé une épargne raisonnable, leur influence résultera, comme depuis soixante ans, de la multiplication par 300 millions d’habitants d’un produit per capita qui demeurera, quoi qu’en dise, trois ou quatre fois supérieur à celui des Chinois. Nous offrons cette analyse comme antidote au pessimisme, parce que l’Europe ne peut pas copier le modèle chinois, mais qu’elle conservera avec l’Amérique les affinités historiques, culturelles et économiques qu’elle a depuis longtemps et qui ont été renforcées par deux guerres mondiales.
Dans ce tableau, l’arrivée de Barack Obama au pouvoir est la meilleure nouvelle qu’Américains et Européens fussent en mesure d’espérer. On a vu avec quel cynisme son discours du Caire a été accueilli par des journaliste ou des experts surtout soucieux de ne pas participer à l’enthousiasme populaire que le président américain soulève de par le monde et donc de se distinguer par leur élégante réserve. Il demeure qu’Obama est un homme intègre qui veut faire de l’Amérique une société plus équilibrée. Une société qui ne menace personne mais saura se défendre. Une société où le racisme et les inégalités seraient en régression, où les revenus seraient mieux partagés, où la justice serait juste et les libertés aussi grandes que par le passé.
Rendez-vous dans un an.
On peut dire d’Obama qu’il est naïf ; on peut dire qu’il parle fort bien, mais que le passage à l’acte lui prend beaucoup de temps ; on peut dire que, comme n’importe lequel de ses prédécesseurs, il ne fait que défendre, par d’autres moyens, les intérêts américains et qu’il existe un fatalisme historique qui conduit les nations à s’affronter. C’est bien possible. Mais il faut commencer par le commencement. Le début eût été très mauvais si, comme George W. Bush, Obama avait eu envie de s’offrir une nouvelle guerre. Il n’y a que quatre mois et demi qu’Obama est au pouvoir et dire qu’il n’a encore rien fait est tout simplement un mensonge. Il a créé pour l’Amérique un système de valeurs démocratiques différent de celui de M. Bush. Il a déjà pris une foule de mesures éthiques, économiques et sociales, il a annoncé une nouvelle politique étrangère. Il n’est pas responsable de la crise mais il la soigne comme il peut. Et, après tout, si les conséquences de la récession sur l’emploi sont désastreuses en Amérique et en Europe, les mesures adoptées des deux côtés de l’Atlantique ont permis aux nations-continents de rester debout.
Donnons-nous rendez-vous dans un an. Nous verrons alors si l’Amérique est un pays sinistré, si l’Europe est accablée, si la Chine triomphe. Le jugement qui annonce des changements de nature sismique est artificiel parce qu’il repose sur la conjoncture. Or la conjoncture n’est rien par rapport au temps historique.
LA CRISE ÉTAIT INÉVITABLE PARCE QU’ELLE A ÉTÉ LE PRODUIT D’UN SYSTÈME NATUREL
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