Château-Thierry (02)
Dr Dominique Berjot
Abonné au « Quotidien », j’ai lu avec intérêt votre article sur la prise en charge de l’autisme en Wallonie.
D’abord comme médecin, mais surtout comme père d’un jeune âgé aujourd’hui de 26 ans et qui vit dans un foyer en Belgique.
Il n’est pas autiste, mais trisomique, et se trouve très heureux dans son cadre de vie.
Son foyer accueille environ 300 résidents : 80 % sont français (un bon tiers d’autistes).
La Belgique nous donne des leçons d’humanité. Interrogez tous les parents français de ce foyer : ils ont connu « la galère » en France pour la prise en charge de leur enfant (souvent, avec comme seule issue, l’hôpital psychiatrique de leur département).
Tous ces parents disent qu’ils connaissent le paradis depuis que leur enfant vit en Belgique.
On est là devant deux visions diamétralement opposées face au handicap. En Belgique, un jeune est handicapé certes, mais les éducateurs lui font faire tout ce qu’ils peuvent pour le rendre heureux, et développer chez lui toutes ses possibilités d’épanouissement. Ils ne renoncent jamais devant une difficulté.
En France, un handicapé est un jeune qu’il faut traiter médicalement ; c’est un cas clinique. Point à la ligne.
Bref, en Belgique, on a une vision positive, optimiste, du handicap. En France, on en a une vision négative, pessimiste.
Le choléra en chansons… et en Bretagne
Villeneuve-Saint-Georges (94)
Dr Serge Nicolas*
J’ai lu avec intérêt, dans « le Quotidien » du 18 février, votre article sur « le choléra en chansons » et voulais continuer ce sujet dans une autre région, la Bretagne, connue aussi pour la vigueur de ses traditions. Le choléra de 1832 a ainsi été décrit par un compositeur populaire Yann ar Gwenn, Jean le Guen en français, chanteur illettré et aveugle des environs de Tréguier (Côtes d’Armor).
Sur les 21 couplets du texte, voici deux couplets traduits du breton :
(...)
Par une maladie terrible
Appelée Choléra-Morbus
Qui fait nombre d’orphelins
Dans les villes comme dans les paroisses
De l’autre côté de la ville de Tréguier
Plouguiel est son nom, dans les papiers
En deux mois et demi sont morts
Six-vingt (120) personnes ou à peu près, dans les environs
(...)
Cent vingt morts, sur une commune de 1 000 à 1 200 personnes, cela correspond à plus de 10 % de la population qui décéda au cours de cette épidémie.
Ces chansons, aussi contrôlées par les autorités locales, étaient le vecteur d’information de l’époque pour des populations largement illettrées et ne parlant pas le français.
* Médecin et bretonnant
A-t-on une politique de santé ? NON !
Sèvres (92)
Dr L. D. Van Egroo
Quelqu’un peut-il me dire quelles sont les grandes priorités de santé en France ?
Il faudrait répondre à cette question pour ensuite savoir comment on organise le système de soins (préciser le rôle des CHU, des CHG, des libéraux, des cliniques… et sans oublier le rapport coût-bénéfice des agences et organismes en tout genre que l’on additionne sans compter et sans évaluer !), préciser combien et comment il faut former les futurs médecins et paramédicaux dans notre pays…
De droite comme de gauche, on fonctionne au coup par coup… Prenons un exemple : a-t-on bien évalué le parcours de soin au niveau de l’impact sur la santé des Français ? NON.
La sélection à l’entrée des études médicales est stupide, idiote et absurde ! Rien ne change !
Critiquer les jeunes qui vont en Roumanie, c’est facile, mais c’est l’Europe, on n’y peut rien, par contre ce serait plus logique, plus honnête, de former le nombre de médecins et paramédicaux dont nous avons besoin dans notre pays, pourquoi ne le fait-on pas ? Parce que cela coûte de l’argent !
La délégation de soins, l’organisation en réseau, la responsabilisation du patient… autant de vraies questions à résoudre dans le cadre global d’un projet de santé publique mais encore faut-il en avoir un !
Désabusé, on peut l’être pour le moins !
Progression des génériques : il y a des biais
Anneyron (26)
Dr D. R.
Depuis un an, il y a eu de nouvelles conditions pour imposer la progression du médicament générique, notamment avec la notion de tiers payant contre générique. Ce facteur financier situé entre le prescripteur et le patient joue un rôle évident dans l’augmentation du pourcentage de délivrance en officine ; mais cela a permis aussi de constater deux choses :
- de plus en plus souvent, les patients eux-mêmes refusent le générique et préfèrent renoncer à la dispense d’avance de frais pour obtenir le médicament inscrit sur l’ordonnance, après avoir fait l’expérience du
générique et constaté une différence,
- les conflits médecins pharmaciens sont plus nombreux, notamment à cause de la mention « non substituable » et ses conditions d’applications si ridicules qu’elles en sont décourageantes.
L’hebdomadaire « L’Express » du 03 au 09 avril 2013 a publié un dossier sur les génériques et on peut lire un ressenti quotidien :
- les relations entre les professionnels de santé qui se dégradent,
- l’absence de réponse ou la réponse tardive après plusieurs relances de la part des pouvoirs publics,
- le mécontentement des patients du fait d’effets indésirables secondaires et de dégradation de paramètres biologiques objectifs,
- les ruptures d’approvisionnement pour cause de non conformité avec parfois des conséquences fâcheuses dans le cas de certains traitements,
- la confusion dans la délivrance d’un générique de princeps (« l’Express » rapporte celle de la délivrance de trimétazidine à la place de trimébutine).
Il est surtout fait mention de l’absence de signalement de tous les effets secondaires mentionnés par les patients aux pharmaciens d’officine lorsque, lors d’un renouvellement d’ordonnance, le patient exige le princeps et refuse le générique en expliquant la raison au pharmacien.
Je suis personnellement très dubitatif sur l’efficacité du système de déclaration d’événement indésirable, ayant moi-même essayé de le faire – par internet, la procédure est très chronophage, fastidieuse et
décourageante. Est-ce une volonté ? En tout cas, ceci peut expliquer le peu de signalement effectué, rendant de facto le générique comme efficace et bien toléré. Il y a là un véritable biais, et tout ceci donne une impression relative de sécurité.
Les médecins de terrain sont au contact des patients et de leurs remarques, alors que les autorités de santé ne peuvent s’appuyer que sur des statistiques ; cependant si le recueil est incomplet, l’étude ne peut pas
être fiable.
En somme, je pense que la situation s’est dégradée. Le dialogue médecin pharmacien sur le plan scientifique est pourtant parfaitement similaire ; cependant, les pharmaciens d’officine se sont désintéressés de la
pharmacologie et la pharmacodynamie au profit de la marge financière et dans ce cas, il ne peut y avoir de débat honnête et sincère.
Le facteur financier (tiers payant/génériques) ajouté dans la relation médecin-malade-pharmacien et sur lequel le prescripteur n’a aucune influence, facilite le degré de persuasion du pharmacien au mépris de
l’intérêt médical seul.
Le prescripteur est stigmatisé par les caisses d’assurance-maladie, le pharmacien ayant tout pouvoir ne respecte pas la mention non substituable et ne signale pas l’information relatée par le patient qui en subit les
conséquences à travers des pénalités et au mépris de son propre choix.
Ce manque de respect par le pharmacien du travail fait en amont par le prescripteur est décourageant, d’autant que les caisses d’assurance-maladie sont susceptibles de demander une justification de prescription et peuvent facilement contrer les arguments rapportés en brandissant des statistiques dont le recueil est fortement biaisé.
Jean Cocteau a écrit : « Il n’y a pas de précurseurs, il n’y a que des retardataires. »
Je ne veux pas que les patients subissent les conséquences de ce retard de prise de conscience.
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