L'Institut de veille sanitaire (InVS) estime que près de 6 000 décès supplémentaires ont été enregistrés en février-mars durant la vague de froid et les épidémies saisonnières. L’InVS, dont les données sont publiées ce mardi dans le BEH, ne donne pas encore d'explication officielle à cette surmortalité.
« Entre le 6 février et le 18 mars 2012, un excès de près de 6 000 décès (+13 %) a été estimé, comparativement aux effectifs enregistrés les années précédentes », analyse l'InVS.
La surmortalité touche plus particulièrement les personnes âgées de plus de 85 ans, avec 2 850 décès en excès (+18 %) chez les personnes âgées de 85 à 94 ans et un millier de décès en excès (+31 %) chez les personnes de 95 ans ou plus.
Les comparaisons ont été effectuées avec les années 2008, 2010 et 2011 et non avec l'année 2009 qui avait déjà connu un phénomène similaire, avec près de 6 000 décès excédentaires observés au cours des six premières semaines de l'année, également marquées par une vague de froid.
Un mauvais cocktail
Pour Anne Fouillet, la statisticienne qui a dirigé l'étude, « la survenue concomitante de plusieurs facteurs (vague de froid et épidémies saisonnières, notamment grippale) » en février-mars dernier « peut, au moins en partie, expliquer ce phénomène, mais leur part respective dans cette augmentation reste à évaluer ».
La France a connu du 1er au 13 février une vague de froid "tout à fait exceptionnelle" selon Météo France, la première aussi intense depuis janvier 1987. Elle avait frappé principalement le nord du pays, avec des températures chutant localement jusqu'à moins 18 degrés, mais le sud n'avait pas été épargné.
La période avait également été marquée par une épidémie de gastro-entérite suivie d'une épidémie de grippe saisonnière, qui a atteint un pic fin février-début mars.
Le sud trinque
La quasi-totalité des régions, à l'exception de la Corse, a enregistré des excès de décès variant de +8 % en Alsace à +22 % en PACA. Les régions les plus touchées se trouvaient majoritairement dans le sud de la France, alors qu'en 2009 le nord-ouest et la région Languedoc-Roussillon étaient les plus concernées.
Plusieurs pays européens ont observé des situations analogues à celle la France au cours de la même période, avec une surmortalité d'intensité marquée en Espagne, Portugal, Suède et Belgique et plus modérée aux Pays-Bas, Suisse, Finlande, Hongrie, Irlande et Grèce.
Les 6 000 décès supplémentaires français ont été estimés à partir des données fournies par les 1 042 communes qui transmettent électroniquement les certificats de décès à l'INSEE, mais cette estimation, basée sur 70% des décès enregistrés en France métropolitaine, ne permet pas de « quantifier avec exactitude l'excès total des décès », reconnaît l'étude.
Les chercheurs restent d'autant plus prudents sur les causes précises de la surmortalité qu'ils disposent pour l'instant d'informations sur les causes médicales de seulement 5% des décès.
« Nous ne sommes pas à ce stade en mesure d'établir une analyse fiable », reconnaît Anne Fouillet, qui travaille pour le réseau de surveillance SurSaUD (surveillance sanitaire des urgences et des décès). Ce système a été mis en place après la canicule de 2003 qui avait entraîné 15 000 décès supplémentaires en France.
Des bases de données complètes sur les causes des décès de l'hiver dernier devraient être disponibles d'ici un an à un an et demi.
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