Estimant que l’été devrait se dérouler dans des « conditions satisfaisantes » sur le front épidémique, si on ne « fait pas trop de bêtises », le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, n’exclut pas un rebond épidémique à la rentrée : « Je pense qu'il y aura une reprise en septembre ou octobre (…). Je ne sais pas si ce sera une 4e vague, mais elle sera très différente » parce qu’on « aura la vaccination ». Interrogé ce 8 juin sur « RTL », l’immunologiste estime que la situation actuelle est « contenue » et va « dans le bon sens, en France et dans l'ensemble des autres pays européens ».
Les données publiées par Santé publique France (SPF) montrent en effet une diminution globale de l’ensemble des indicateurs. En semaine 21 (du 24 au 30 mai 2021), le taux d’incidence a poursuivi sa décrue pour la septième semaine consécutive (108 cas/100 000 soit -13 % depuis la semaine 20). Quant au nombre de patients hospitalisés, s’il est « encore élevé » (16 146 patients, dont 2 837 en services de soins critiques), il atteint désormais des niveaux « comparables à ceux de mai 2020 lors de la phase descendante de la première vague épidémique », indique SPF. « Les chiffres ont baissé plus rapidement que nous ne l’avions imaginé », commente le Pr Delfraissy, soulignant les effets probables de la météo estivale et de la vaccination.
Port du masque « au moins jusqu'au 30 juin »
La prudence reste tout de même de rigueur, alors que le pays aborde « un moment un peu complexe dans deux jours », avec la poursuite du calendrier de déconfinement et la réouverture de certains lieux (cafés et restaurants, notamment) en intérieur. « Je n'ai pas d'inquiétude si les Français sont raisonnables, si on arrive à maintenir le respect des gestes barrières, le port du masque, y compris à l'extérieur, au moins jusqu'au 30 juin », juge l’immunologiste, conscient de la difficile application de la mesure pour « les gens qui sont à la campagne, qui vont être sur les plages, qui vont se balader ». L’enjeu porte ainsi sur les « très grandes villes » (Paris, Lyon, Marseille, Nice, Bordeaux) où il apparaît nécessaire de « conserver un certain nombre de mesures barrières ».
Concernant les variants, et notamment le variant Delta (B.1.617.2, dit « indien ») dont la diffusion en Angleterre semble s’accompagner d’une reprise épidémique, le président du Conseil scientifique rappelle qu’il est plus « plus transmissible », mais qu’« il n’a pas cette fameuse mutation 484 qui lui permet d’échapper au vaccin ». Ce variant, qui présente une « diminution de la sensibilité au vaccin de 30 à 40 % » selon le Pr Delfraissy, reste peu présent en France où le variant Alpha (B.1.1.7, dit « anglais ») représente 77,4 % des cas. « Aucun élément n’indique à ce jour une circulation significative de ce lignage [B.1.617.2, N.D.L.R.] sur le territoire », selon le dernier point épidémiologique de SPF.
Vers un virus saisonnier
La vaccination reste un impératif. « En face de lui (le virus) va trouver une population, qui, en bonne partie, (aura) des vaccins qui vont protéger en partie contre ces nouveaux variants », explique le Pr Delfraissy, assurant qu'« on va aboutir à un moment donné à ce que le virus devienne comme les autres virus de type corona, un virus saisonnier ». En attendant cette perspective, atteignable « dès l’hiver 2022 ou dans deux ans », une 3e dose de vaccin sera sans doute nécessaire, estime l’immunologiste. Quant à la vaccination des adolescents, elle fera l’objet d’un avis du Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) rendu « demain », signale son président.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque