Enquête sur les causes de la mort d’Arafat

Publié le 29/08/2012
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Crédit photo : AFP

Une information judiciaire contre X pour assassinat concernant le décès en 2004 de Yasser Arafat vient d’être ouverte, relançant l’hypothèse émise huit ans plus tôt d’un empoisonnement.

« Trois juges d’instruction ont été désignés pour conduire cette enquête par le président du tribunal de grande instance de Nanterre », a-t-on appris auprès de la présidence du tribunal. L’ouverture de cette instruction fait suite au dépôt le 31 juillet dernier d’une plainte contre X avec constitution de partie civile par Souha Arafat, la veuve de l’ancien dirigeant de l’Autorité palestinienne mort le 11 novembre 2004 à l’hôpital d’instruction des armées Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine).

Les autorités françaises démentent

Les rumeurs quand à un éventuel « empoisonnement » avaient largement circulé dès l’annonce du décès. Toutefois les autorités françaises avaient démenti une telle éventualité tout en se retranchant derrière le respect strict du secret médical. Le ministre de la santé de l’époque, Philippe Douste-Blazy, avait alors expliqué : « Je peux vous dire que rien dans le dossier médical, semble-t-il, n’a montré qu’il pouvait y avoir un tel cas (d’empoisonnement), sinon ce serait la justice qui aurait eu, alors, à prendre en considération ce dossier. »

Certains médecins français, sous couvert d’anonymat, s’étaient également exprimés, assurant que les derniers doutes toxicologiques avaient été levées par l’Institut de criminologie de la gendarmerie qui avait conclu : « Pas d’empoisonnement à partir d’une substance toxique. » Des éléments du dossier médical étaient aussi mentionnés comme une altération de l’état général, une thrombopénie, des troubles hépatiques et une CIVD (Coagulation intravasculaire disséminée).

Traces de polonium

Près de huit ans plus tard, la polémique sur les causes de la mort du dirigeant palestinien rebondit à la suite de la diffusion le 3 juillet 2012 dernier par la chaîne arabe Al Jazeera d’un documentaire où il apparaît que l’Institut de radiophysique du centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne, qui a analysé des échantillons biologiques prélevés sur les effets personnels de Yasser Arafat (vêtement, chapeau, cheveu ...), y a découvert une « quantité anormale de polonium ». Le laboratoire a émis le souhait de poursuivre les investigations en examinant la dépouille de l’ancien dirigeant actuellement enterré à Ramallah en Cisjordanie afin de rechercher des traces de la substance radioactive.

L’Autorité palestinienne a donné son accord à la poursuite de l’enquête. « Nous nous félicitons de la position de l’Autorité palestinienne qui consiste à accepter l’exhumation du corps », se sont réjouis les avocats français de Souha Arafat, Pierre-Olivier Sur et Jessica Finelle. Toutefois, ils considèrent « que cet acte d’enquête doit être diligenté en collaboration avec la juridiction d’instruction française, régulièrement saisie, qui doit désigner un magistrat instructeur pour procéder aux investigations qui s’imposent ». D’où le recours à la justice française.

Secret médical

L’hypothèse d’un empoisonnement au polonium 210, substance mise en cause dans le décès en novembre 2006 de l’ex-agent russe Alexandre Litvinenko devenu un opposant de Vladimir Poutine, semble contredire les affirmations de 2004 des autorités françaises. Elle pose aussi la question déjà débattue du respect du secret médical pour raison d’État.

Tout comme en 2004, des informations sur le dossier médical de Yasser Arafat sont diffusées dans la presse. Le site Salte.fr publie même le compte-rendu d’hospitalisation du leader palestinien lors de son passage dans le service d’hématologie de l’hôpital d’instruction des armées Percy. Le rapport indique que les symptômes ont commencé le 12 octobre, quatre heures après son repas du soir « par une sensation de malaise avec nausées, vomissements et douleurs abdominales ». Admis 17 jours plus tard en France à Percy, Yasser Arafat sombrera dans le coma le 3 novembre (il sera alors transféré en réanimation), puis décédera le 11 novembre sans qu’une autopsie ne soit pratiquée.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr