CE N’EST POUR L’HEURE qu’un souhait mais dans son dernier livre blanc, l’organisation du contrôle national de la santé aborigène (Naccho), une organisation non gouvernementale australienne, appelle à la création de centres de soins dédiés aux seuls populations indigènes masculines. Objectif : « réduire à néant les dix-sept années d’espérance de vie qui séparent un Aborigène d’un autre Australien d’ici à 2030. »
Regard féminin
L’un des problèmes auquel est confrontée cette population, c’est qu’elle a du mal à reconnaître et assumer certaines maladies, en particulier devant des personnels soignants de sexe féminin. C’est la raison pour laquelle la Naccho, qui plaide pour une meilleure prise en charge de ces populations, appelle de ses vœux la création d’un programme spécifique à l’attention des hommes aborigènes.
« Nous devons nous assurer que cette population jouit d’un aussi bon accès aux services de santé que le reste de la population australienne, et donc donner la priorité à un financement spécifique pour traiter la santé mentale, le bien-être social, et la prévention du suicide chez les hommes aborigènes », explique Justin Mohamed, le président de la Naccho. Il précise que le livre blanc a identifié la nécessité d’aborder les questions telles que l’identité, la culture, la langue ou la terre, ainsi que la violence, l’alcool, l’emploi, et l’éducation.
Concrètement, la Naccho plaide pour la création de cliniques réservées à ces populations, ou d’entrées dérobées dans des centres de soins classiques, afin d’inciter les hommes à se soucier davantage de leur état de santé mais aussi de les « protéger » des regards féminins.
L’organisation invite l’État fédéral à investir massivement dans ce programme. « Prévoir un personnel de santé consacré aux autochtones de sexe masculin est essentiel pour améliorer les résultats de santé sur cette frange de la population. Une attention particulière doit être accordée au recrutement et la formation des professionnels de santé travaillant dans les milieux aborigènes masculins », poursuit Justin Mohamed dans le quotidien « The Australian ».
Combler l’écart.
Le contexte électoral australien n’a pas été étranger à ces appels. Samedi dernier, la coalition conservatrice de Tony Abbott (nouveau Premier ministre) a remporté les élections nationales, un scrutin qui a mis fin à six années de pouvoir travailliste. La Naccho avait pris les devants en affichant sa volonté de travailler avec le nouveau chef du gouvernement quel qu’il soit. Une position équivalente à celle du président du syndicat de médecins « Australian Medical Association », le Dr Steve Hambleton : « Il est important que les efforts engagés soient maintenus indépendamment de qui gagne l’élection. Nous commençons à voir des signes de progrès dans l’amélioration des conditions de santé des populations autochtones ».
Plus globalement, ces revendications pour un accès égal aux soins s’inscrivent dans le cadre de la grande campagne « close the gap » (fermer la brèche, combler l’écart), parrainée par les anciens champions Ian Thorpe et Catherine Freeman. Créée en 2007, 28 associations médicales, scientifiques, et communautaires y prennent part avec la volonté de réduire les criantes disparités de santé et d’espérance de vie.
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