M. STRAUSS-KAHN est innocent tant qu’il n’aura pas été condamné. La consternation qui règne en France, au Fonds monétaire international et en Europe s’accompagne d’ailleurs d’une immense incrédulité. Personne ne peut croire vraiment, en dehors de ceux qui éprouvaient déjà de l’antipathie, de la haine ou même de l’aversion pour DSK, qu’il ait pu se commettre, sans même y réfléchir, dans une affaire aussi sordide de viol ou de tentative de viol, alors que s’ouvrait devant lui un large boulevard qui le conduisait à la magistrature suprême et qu’il occupait des fonctions parmi les plus prestigieuses du monde. Personne ne peut croire que l’âge, l’expérience, la culture, le raisonnement et quelques alertes passées, comme sa brève liaison avec une employée hongroise du FMI, n’aient pas refoulé une pulsion sexuelle, même si l’on nous dit aujourd’hui qu’il en était coutumier. Personne ne peut croire que l’intelligence suprême d’un homme doté de l’agrégation d’économie n’ait pas tempéré un acte de violence que l’on nous présente comme criminel, comme s’il n’était pas normal que, pour un homme forcément contraint à un minimum de civisme, à une réserve compatible avec le pouvoir qu’il exerce, à la plus élémentaire des élégances, la déliquance et a fortiori le crime soient impossibles.
Paysage bouleversé.
Néanmoins, DSK commence à peine un calvaire judiciaire qui durera au moins plusieurs semaines, sinon plusieurs mois, dès lors qu’il plaide non coupable. Trop longtemps pour qu’il soit en mesure de démissionnner du FMI, de revenir à Paris et de se présenter aux primaires socialistes, comme on supposait qu’il le ferait. Il n’aura jamais eu l’occasion de faire la déclaration de candidature que tant de Français lui réclamaient. Du coup, le pays politique en est bouleversé.
MÊME S’IL EST INNOCENT, DSK RENONCERA AU POSTE QU’IL A ET À CELUI QU’IL POUVAIT BRIGUER
Les socialistes devront se trouver très vite un nouveau champion. Le PS, comme on sait, ne manque pas de candidats. Mais aucun, pour le moment, n’a la puissance irrésistible du DSK d’avant dimanche dernier. La disparition politique du « meilleur d’entre eux » va susciter peut-être de nouvelles candidatures, par exemple celle de Laurent Fabius qui aura été un fidèle soutien à DSK et à Martine Aubry et ne s’est pas mis en avant cette année, bien qu’il dispose d’un certain nombre d’atouts, par exemple, sa qualité d’ancien Premier ministre, sinon une forte popularité ; passé le moment indispensable de compassion pour DSK et sa famille, François Hollande ne pourra faire autrement que de montrer qu’il est, plus que jamais, le candidat idéal, sobre, rationnel, modéré, l’homme qui ne jettera pas le pays dans une aventure idéologique ou économico-sociale, aux antipodes de DSK pour le comportement, mais presque identique à lui sur le plan des idées. Martine Aubry, chez qui on n’a pas perçu d’avidité pour le pouvoir, pourrait se résigner à entrer en lice, à la demande de ses amis et se présenter au nom du « devoir national ». Ségolène Royal est la moins bien placée dans le jeu politique parce que les Français ne voudront pas rejouer la même partie qu’en 2007. Pierre Moscovici sera tenté de se présenter en copie, mais intègre, de DSK. Manuel Valls et d’autres tenteront peut-être leur chance.
Une « chance » pour Sarkozy.
La majorité jure qu’elle regrette l’éviction de facto de DSK, qu’elle craint plus M. Hollande que le directeur général du FMI. C’est en tout cas l’analyse de Nicolas Sarkozy. On n’est pas obligé de se l’approprier. Les sondages montreront que, face à M. Hollande ou Mme Aubry, le score du président sortant est meilleur que face à DSK, sinon décisif. Pour M. Sarkozy, le scandale DSK peut être la chance inespérée sur laquelle il ne comptait plus, ou, tout au moins, le coup de pouce qui l’autorisera, dans les prochains mois, à défendre son bilan ou à discréditer le projet socialiste. Lequel, après tout, propose de fortes augmentations d’impôts et reviendra sur la réforme des retraites.
Bien entendu, c’est le rôle des journalistes de penser à toutes les conséquences possibles de cette misérable affaire qui se serait déroulée dans une suite de luxe à New York. Cela ne nous empêche pas de mesurer la douleur de Mme Strauss-Kahn et de la famille ; cela ne nous empêche pas de réaffirmer que, si les faits sont prouvés, la victime est une femme de chambre de 32 ans qui ne faisait que son travail, et non un homme de notoriété internationale ; que, s’ils ne le sont pas, la police de New York a agi avec un mépris complet pour DSK, qui, s’il est innocent, expie déjà une peine plus sévère que la peine judiciaire ; et que, jusqu’à preuve du contraire, le directeur du FMI a été traîné dans la boue avant même que sa culpabilité ne fût démontrée.
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