« Selon les derniers chiffres à notre disposition, parmi les 1 466 morts lors du bombardement du 21 août, près de 1 000 seraient victimes d’une attaque par armes chimiques », affirme au « Quotidien », le Dr Oubaida Al Moufti, médecin franco-syrien et porte-parole de l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM).
Le Dr Al Moufti n’a aucun doute. Selon lui, lors de l’offensive qui a eu lieu à la roquette dans la nuit de mardi à mercredi à la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, des secteurs de la banlieue sud-ouest de Damas aux mains des rebelles, des armes chimiques ont été utilisées. « Notre conviction se fonde sur les témoignages de médecins et les signes cliniques que nous observons sur les vidéos qui nous sont parvenues. D’autres analyses dans des laboratoires spécialisés sont bien sûr nécessaires pour apporter une confirmation formelle », souligne-t-il. « Les vidéos ont été montrées à des médecins et à des experts ici en France qui ont confirmé l’utilisation de gaz toxique à partir des signes respiratoires et neurologiques constatés », poursuit-il.
Parmi les signes évocateurs, il décrit les « difficultés respiratoires (dyspnées) allant jusqu’à la détresse respiratoire, les convulsions liées à l’hypoxie cérébrale, la dilatation des pupilles, les nausées et les vomissements » et surtout ce qui, pour lui, signe l’attaque chimique, « l’absence de toutes lésions ou blessures cutanées, de même que l’absence d’atteinte traumatique osseuse chez des victimes en nombre très important ».
Utilisation du gaz sarin ?
Toujours selon le porte-parole de l’UOSSM, « la majorité des experts penchent plutôt pour l’utilisation du gaz sarin, sans odeur ni couleur, selon les témoignages de victimes ». Le fait que l’attaque se soit déroulée en pleine nuit, explique, dit-il, « le grand nombre de victimes et, parmi elles, surtout des enfants, surprises pendant leur sommeil ». Après l’arrêt du bombardement, « le spectacle de familles entières décédées sans qu’il y ait de dégâts matériels dans les maisons a beaucoup frappé nos collègues qui se sont rendus après le bombardement dans les zones touchées », souligne-t-il. Parmi la quarantaine de personnels soignants, secouristes, infirmières, médecins, certains « ont présenté des difficultés respiratoires parce qu’ils ne disposaient que d’une protection a minima (masques et gants) ».
À ceux qui mettent en doute la réalité des images et de l’attaque, le Dr Al Moufti s’insurge : « On parle de manipulation collective, mais ceux qui l’affirment devraient expliquer comment ces gens sont morts alors qu’ils n’ont aucune lésion et qu’on ne voit aucune trace de sang. »
Les ONG demandent une enquête
Pour lui, la ligne rouge a déjà été franchie et il attend une intervention de la communauté internationale. Pour l’heure l’UOSSM s’apprête à envoyer un convoi de matériel médical (oxygène, atropine, valium, corticoïdes) pour aider les Syriens à faire face. Le Quai d’Orsay et le ministère des Affaires étrangères ont promis de débloquer des fonds. François Hollande a évoqué dans un communiqué ce jeudi « l’usage probable d’armes chimiques ».
La communauté internationale, ainsi que les organisations des droits de l’homme, réclament que les experts de l’ONU, présents en Syrie, vérifient sur place s’il y a eu recours ou non aux armes chimiques par le régime.qui a officiellement démenti ces accusations.
L’ONU a annoncé avoir entamé des négociations avec le régime pour que ses experts, déjà en Syrie depuis dimanche avec pour mandat de déterminer si des armes chimiques ont été utilisées dans le passé à Khan al-Assal (nord), Ataybé (près de Damas), et à Homs (centre), puissent enquêter sur l’attaque de mercredi.
« Que des armes chimiques aient été utilisées ou pas, l’attaque a causé la mort d’un grand nombre de civils, et (...) le gouvernement syrien doit autoriser l’accès immédiat aux inspecteurs de l’ONU », a déclaré l’ONG Human Right Watch (HRW).
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