« LA PRÉVENTION demeure le parent pauvre et la prise en charge des adolescents et des jeunes adultes est morcelée », souligne aujourd’hui un groupe d’associations et de fédérations intervenant auprès des jeunes qui entendent interpeller les responsables politiques sur les régressions alarmantes constatées dans le domaine de la santé des jeunes, et particulièrement ceux en grande fragilité physique, psychique et sociale. Ces associations rappellent que des avancées ont été faites en matière de santé des adolescents. Des structures d’accueil leur sont dédiées et sont présentes sur le territoire, les services adaptés leur sont accessibles. Mais elles pointent également certaines remises en cause : les ressources diminuent, la prise en charge des jeunes est morcelée et la prévention est insuffisante. « Nous observons une grande pauvreté d’une partie de la jeunesse, s’inquiète Élisabeth Monnerat, vice-présidente de l’Association nationale des points accueil-écoute jeunes. Quel accompagnement allons-nous donner aux jeunes en voie de précarisation si on ferme des structures locales ? »
Dégradation de la santé.
« La politique concernant la santé des jeunes est morcelée, nous défendons une politique globale », lance le Dr Paul Jacquin, président de la Société Française pour la santé des adolescents. « De l’accueil généraliste aux soins spécialisés tout est important mais cela ne se fait pas tout seul. Nous demandons que l’architecture de la prévention et de l’accès aux soins soit revue et pérennisée. »
Plusieurs indicateurs montrent une dégradation de la santé des jeunes et de leur bien-être. Parmi les plus jeunes, les IVG sont en augmentation. Selon l’UNE, un étudiant sur trois renonce à des soins faute de moyens et 15 % déclarent avoir eu des idées suicidaires dans les douze derniers mois.
« La réflexion que nous menons en France est en lien avec une réflexion internationale », souligne le Dr Florent Cosseron, de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées. « C’est une réflexion pluridisciplinaire, à la fois dans le secteur social et celui de la santé. Il ne s’agit pas forcément de créer plus de structures mais de les mettre en lien. » Le manifeste propose de renforcer et de développer les actions de prévention, ainsi que la médecine scolaire et universitaire. Les signataires demandent que les jeunes bénéficient de lieux de soins ambulatoires et hospitaliers. Ils proposent également que les liens entre les structures dédiées aux jeunes soient renforcés, pour permettre une continuité dans l’accueil, l’orientation et l’accompagnement.
*La Société française pour la santé de l’adolescent, la Fédération des espaces santé jeunes, l’Association nationale des Points accueil-écoute jeunes, l’Association française de promotion de la santé scolaire et universitaire, l’Association française de pédiatrie ambulatoire, la Commission Adolescent de la Société française de pédiatrie, la Société Française de santé publique, Association des psychiatres de secteur infanto-juvénile, Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées.
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