TOUS LES CANDIDATS le mesurent : même si le thème de la crise reste prédominant, la santé (au sens large) a pris du poids dans la campagne présidentielle 2012, ne serait qu’à travers les polémiques sur l’accès aux soins (dépassements d’honoraires, déserts médicaux). Du coup, les prétendants à l’Élysée - et notamment les favoris des sondages - ont su s’entourer de spécialistes chevronnés pour aborder ces sujets souvent techniques et sensibles mais aussi crédibiliser et relayer leurs projets « santé » respectifs.
Marisol Touraine incontournable.
Dans l’équipe santé/social de François Hollande, Marisol Touraine s’est imposée depuis quelques mois comme la pièce maîtresse. Secrétaire nationale du PS, députée et présidente du conseil général d’Indre-et-Loire, Marisol Touraine est chargée de piloter un vaste pôle social qui englobe la santé. « Je travaille en équipe », confie-t-elle au « Quotidien », notamment avec le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen (un des principaux ténors socialistes sur la santé à l’Assemblée nationale) mais aussi avec le Dr Claude Pigement (responsable de la commission santé au PS et fin connaisseur des milieux médicaux) ou encore Catherine Lemorton (députée PS de Haute-Garonne spécialiste du médicament). « François Hollande nous suggère des éléments de propositions, explique Marisol Touraine, comme sur les délais d’accès aux soins ou sur les dépassements d’honoraires ». Selon elle, le candidat « ne dit jamais non d’emblée » à une proposition de son staff santé, « mais il fait son choix, il sait ce qu’il veut ». Il a également le souci de la simplification car « il veut des propositions parlantes alors que c’est un domaine complexe ».
Le travail s’organise avec son équipe en réunions hebdomadaires, avec l’appui de la commission santé.
C’est le Dr Claude Pigement qui assure l’interface de cette commission, où siègent près de 300 personnes (élus, économistes, hauts fonctionnaires, professionnels de santé) avec le pôle social. Les ambitions commencent-elles à percer ? « Dans trois mois, je serai secrétaire d’État à la Santé », lâchaitrécemmentCatherine Lemorton (sur le ton de la plaisanterie, il est vrai), au cours d’un débat public.
Des « gens de terrain » chez Bayrou et Mélenchon.
Chez François Bayrou, le Dr Geneviève Darrieussecq s’occupe des questions de santé. Médecin allergologue et maire MoDem de Mont-de-Marsan (40), elle travaille avec une petite équipe. « Nous ne sommes pas une grosse machine, mais nous sommes tous des gens de terrain, c’est notre force », assure-t-elle. Elle apporte à François Bayrou son expertise de médecin et d’élue, rencontre de nombreux syndicats et professionnels du secteur, intervient régulièrement dans les colloques santé…et fait passer des notes. « Ensuite il puise dedans, c’est lui qui fait la synthèse », insiste-t-elle. François Bayrou, assure-t-elle, travaille avec une idée en tête : « être pragmatique car les enveloppes financières seront contraintes ». Pour Geneviève Darrieussecq, cette campagne constitue son baptême du feu, elle n’occupait pas ces fonctions en 2007.
Au Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, le principal conseiller santé est le Dr Michel Limousin, membre du Parti communiste et médecin généraliste au centre de santé municipal de Malakoff (92). Déjà conseiller santé de Marie-Georges Buffet en 2007, il continue à exercer durant cette campagne, ce qui lui assure de longues journées. Il travaille à l’élection de Jean-Luc Mélenchon au sein d’un collectif, le Front de gauche pour la Santé, dans lequel on retrouve Jean-Luc Gibelin (animateur de la commission Santé et Protection sociale du PCF) et Catherine Jouanneau, secrétaire nationale du Parti de gauche, chargée de la Santé. Sa philosophie : « remettre l’humain au centre de la politique de santé et de protection sociale ».
Bertrand, Juvin et les hommes de l’ombre.
Nicolas Sarkozy a encore peu dévoilé ses batteries sur la santé. Pour l’instant, l’heure est à la défense argumentée du bilan, ce dont se charge le ministre Xavier Bertrand. L’idée est d’expliquer que de grandes réformes ont été menées à bien (la loi HPST, la loi médicament, la nouvelle convention…) tout en pacifiant les relations en ville et à l’hôpital. Mi-février dans nos colonnes, Xavier Bertrand lançait les derniers chantiers santé du quinquennat, taclait Hollande « en flagrant délit de contradiction » et promettait de dessiner une vision du système de santé « à dix ans » dans le cadre de la campagne de Nicolas Sarkozy.
Pour le reste, « le conseiller santé du candidat Nicolas Sarkozy...c’est Sarkozy lui-même ». Ce propos est du Pr Philippe Juvin, nouveau patron du service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou (HEGP), maire UMP de la Garenne Colombes, secrétaire national de l’UMP et député européen. Qu’on se le dise, Philippe Juvin, lui, n’est que le responsable d’une cellule d’experts en santé sollicités par l’UMP, chargée de nourrir le programme du parti présidentiel. « J’ai fait le même travail en 2007, se souvient Philippe Juvin, il m’a suffi de réactiver les réseaux ». Quel pourrait être un des nouveaux projets santé du candidat Sarkozy ? « Peut-être un grand plan sur la toxicomanie des jeunes, de la même ampleur que le plan Alzheimer », croit savoir Philippe Juvin. Quant aux membres de la cellule d’experts de l’UMP, « le deal est qu’ils travaillent librement, mais dans l’ombre », se justifie Philippe Juvin (voir encadré).
Joëlle Mélin (FN) : après le père, la fille.
Au Front National enfin, le Dr Joëlle Mélin, médecin rééducateur à Aubagne (13), est le conseiller santé de Marine Le Pen, comme elle l’avait été pour son père en 2002 et 2007. « Je m’appuie sur un groupe d’une quinzaine d’experts que nous sollicitions sur des questions techniques comme la T2A », confie-t-elle. Tout juste précise-t-elle que ce groupe comprend notamment un médecin radiologue spécialiste des plateaux techniques lourds (PTL), une infirmière libérale présidente d’un syndicat, un pharmacien d’officine, lui aussi président d’un syndicat, un directeur d’hôpital et un cadre de l’industrie pharmaceutique. « Les grandes orientations de la politique de santé sont arrêtées par Marine Le Pen, ajoute-t-elle, mais elle nous laisse une part de liberté dans les domaines techniques. De toute manière, il faudra tout adapter en fonction de ce que nous trouverons dans les caisses ».
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