L’entreprise américaine Moderna a annoncé ce 16 mars avoir commencé des essais évaluant son vaccin contre le Covid-19 chez des milliers d’enfants âgés de 6 mois à 11 ans, une nouvelle étape promue comme nécessaire pour voir la fin de la pandémie.
La société de biotechnologie prévoit que 6 750 enfants et bébés participent à des essais aux États-Unis et au Canada. Ils seront suivis sur 12 mois après la seconde injection. Leur nombre est inférieur aux dizaines de milliers de recrues pour les essais sur les adultes, car il s’agit ici surtout de déterminer quel dosage est le mieux adapté pour eux, le mécanisme du vaccin ainsi que sa sécurité ayant déjà été étudiés.
Moderna n’est pas la première entreprise à lancer des essais cliniques chez les mineurs. Pfizer (dont le vaccin est aujourd’hui autorisé pour les personnes âgées de 16 ans et plus) et AstraZeneca (dont le vaccin est autorisé chez les 18 ans et plus) testent déjà leur produit chez les enfants, et Johnson & Johnson (dont le vaccin est aussi autorisé chez les 18 ans et plus) prévoit de le faire sur les adolescents, puis les enfants et nourrissons.
Intérêt collectif et individuel de la vaccination
« C’est indispensable de réaliser des études chez l’enfant, en commençant par les adolescents puis en regardant chez les plus jeunes », a réagi auprès du « Quotidien » le Pr Robert Cohen, pédiatre et infectiologue, membre de la Société française de pédiatrie (SFP). « On ne peut pas complètement extrapoler les résultats de l’adulte à l’enfant, car le profil de tolérance n’est pas forcément le même. Ni peut-être celui d’immunogénicité, même s’il ne devrait pas poser problème », explique-t-il.
La vaccination des enfants est essentielle pour espérer atteindre une forme d’immunité collective. « Si on laisse des poches de plusieurs millions de personnes non immunisées dans la population générale, le virus continuera à se répliquer et à donner des variants », poursuit le Pr Cohen.
Une position aussi défendue dans le « New England Journal of Medecine » par les spécialistes en pédiatrie Perri Klass et Adam J. Ratner, selon qui il y a une « obligation éthique et une nécessité pratique » à vacciner les enfants. Ou encore par l’American Academy of Pediatrics. « Les enfants de moins de 10 ans transmettent moins le virus, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne le transmettent pas du tout », y compris à des personnes à risque, a commenté sa présidente, la Dr Lee Savio Beers, auprès de l’AFP.
L’intérêt de la vaccination chez les enfants est aussi individuel, soulignent les experts, pour éviter les hospitalisations, en particulier en réanimation, voire dans les cas extrêmes, les décès.
En attendant, vacciner avec prudence les enfants à très haut risque
Aux États-Unis, où un cinquième de la population a moins de 18 ans, l’immunologue Anthony Fauci parie que les enfants de moins de 12 ans seront « très probablement » vaccinés début 2022.
« Quand l’heure viendra », avance avec prudence le Pr Cohen en France, conditionnant la vaccination des enfants à la publication des études et à la production de doses de vaccins suffisante.
En attendant, la Société française de pédiatrie (SFP), les sociétés savantes qui y sont affiliées et l’Association française de pédiatrie ambulatoire ont précisé, dans un avis en date du 5 février, que la vaccination anti-Covid n’est pas nécessaire chez l’enfant en population générale.
Néanmoins, certains enfants à très haut risque de Covid-19 sévère pourraient être vaccinés selon le même schéma que les adultes, dès que possible, hors autorisation de mise sur le marché (AMM) : les patients atteints de mutations de AIRE (poly-endocrinopathie auto-immune, Apeced) avec auto-anticorps-interféron de type I, ou ceux souffrant de déficits immunitaires spécifiques de la voie de l’interféron de type I (insuffisance de la réponse antivirale médiée par l’interféron de type I), prédisposition génétique aux encéphalopathies virales.
Quant aux autres enfants à haut risque de Covid sévère, les sociétés savantes préconisent surtout le respect des mesures barrière, la vaccination de leur entourage et leur éventuelle priorisation dès que des données scientifiques seront disponibles.
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