En amont de la conférence scientifique internationale sur le réchauffement climatique qui se tient depuis mercredi et jusqu’au 10 juillet à l’Unesco, l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (AVIESAN) et l’INSERM ont organisé à Paris un symposium sur les risques que le changement climatique fait peser sur la santé.
Objectif : fourbir des arguments solides à mettre sur la table de la conférence des Parties de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) qui se déroulera à Paris en décembre prochain.
Virus, cancers et troubles mentaux
Robert Barouki, directeur de recherche à l’INSERM, est formel : « Les arguments s’accumulent pour dire que le changement climatique a des effets sur la santé. Si tout le monde se rappelle en France des conséquences dévastatrices de la canicule, il ne faut pas pour autant oublier que ce phénomène entraîne également l’émergence de maladies infectieuses (chikungunya, dengue) ou l’augmentation des UV et donc des cancers de la peau. »
Si certains impacts du réchauffement climatique sur la santé semblent aisément identifiables, d’autres commencent à poindre au rythme des crises majeures qui se multiplient. C’est ainsi que lors des ravages occasionnés à La Nouvelle-Orléans et à toute la Louisiane par l’ouragan Katrina en 2005, « les craintes se sont naturellement portées sur les risques importants de contamination de l’eau et des aliments », explique Jean-Paul Gaudillière, directeur de recherche à l’INSERM. À l’époque, peu avaient cependant pensé que l’impact sanitaire le plus important qui résulterait de cet événement climatique extrême serait d’ordre psychologique : « Des troubles mentaux, parfois sévères, ont été diagnostiqués après coup chez des milliers de personnes victimes de Katrina. »
Le coût sanitaire comme principal levier
Par la voix de nombreux de ses chercheurs, l’INSERM a souligné « le rôle crucial que la santé et ses acteurs peuvent jouer dans les mois et années à venir pour mettre les enjeux climatiques au cœur des préoccupations de nos sociétés ». Dans une déclaration conjointe du 29 juin dernier, la Société Française de Santé Publique, la Société Française Santé Environnement et le Conseil National de l’Ordre des Médecins français soutenus par leurs partenaires européens et internationaux avaient par ailleurs demandé « aux autorités françaises que les enjeux de santé soient explicitement pris en compte dans les négociations et engagements finaux de la COP 21 ».
Pour Anna Stauffer, responsable à la Health and Environment Alliance, une ONG basée à Bruxelles, « le réchauffement climatique est devenu une urgence sanitaire dont les politiques doivent s’emparer au lieu de persister dans leur déni de réalité ». Pour arriver à les convaincre, les participants ont tous convenu de la nécessité de multiplier les collaborations et les passerelles entre les disciplines concernées et d’organiser une collecte massive de données longitudinales fiables à même d’apporter des preuves scientifiques irréfutables. Une fois ces données corrélées à une échelle de coûts, l’impact sanitaire du réchauffement climatique prendrait des allures de gigantesques pertes économiques auxquelles, les chercheurs l’espèrent, les décideurs ne devraient pas rester insensibles.
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