Campagne vaccinale anti-HPV au Royaume-Uni : nouvelle preuve d'efficacité contre le cancer du col de l'utérus

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Publié le 04/11/2021
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Crédit photo : Phanie

C'est une nouvelle preuve de l'efficacité du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV). Au Royaume-Uni, où le programme de vaccination a commencé en 2008 avec le vaccin bivalent Cervarix, le taux de cancer du col de l'utérus a baissé de 87 % chez les jeunes femmes ayant été immunisées à l'âge de 12-13 ans par rapport aux non-vaccinées.

En octobre 2020, les Suédois avaient montré pour la première fois dans « The New England Journal of Medicine » qu'au terme d'un suivi de plus de 10 ans, la vaccination HPV ne se contente pas de diminuer les dysplasies du col de l'utérus et entraîne bien une forte baisse des cancers du col. La protection avait été assurée par le vaccin quadrivalent (Gardasil, laboratoire Merck).

Des résultats au-delà des espérances des modélisations

Ici, cette étude anglaise publiée dans « The Lancet » en fait la démonstration avec un suivi d'un peu plus de 10 ans du vaccin bivalent (laboratoire GSK) utilisé initialement au Royaume-Uni. Ce vaccin protège contre les HPV 16 et 18, les deux plus fréquents qui sont responsables de 70-80 % de tous les cancers du col. Recommandé dès l'âge de 12-13 ans, il est possible de l'administrer en rattrapage jusqu'à l'âge de 18 ans.

Jusque-là, outre-Manche, les preuves des bénéfices de la campagne vaccinale nationale étaient limitées aux dysplasies. « Les premières modélisations suggéraient que l'impact du programme de vaccination sur les taux de cancer du col serait tangible chez les femmes âgées de 20 à 29 ans fin 2019, explique le Pr Peter Sasieni du Guy's Cancer Centre à Londres et coordonnateur de l'étude. Notre nouvelle analyse avait pour objectif de quantifier cet impact précoce. L'effet observé est même plus élevé que les modèles ne l'avaient prédit. »

Baisse des cancers du col et des CIN3

Pour ce travail, les chercheurs britanniques ont comparé le risque de cancer du col entre des cohortes vaccinées et d'autres antérieures non éligibles à la vaccination. Au total, l'étude a inclus 13,7 millions d'années de suivi de femmes âgées de 20 à moins de 30 ans dans les trois cohortes vaccinées, où les doses étaient administrées respectivement à 12-13 ans, 14-16 ans ou 16-18 ans. Au Royaume-Uni, le dépistage national du cancer du col de l'utérus a été recommandé à des âges différents, à 20 ans jusqu'en 2004 puis à 25 ans avant d'être changé de nouveau à 24,5 ans en 2012.

L'équipe du Pr Sasieni montre qu'en date du juin 2019, il y a eu une baisse de 450 cas de cancer du col et de 17 200 cas de lésions précancéreuses dans les trois cohortes du groupe vacciné. Au cours de la période étudiée, 28 000 cancers du col et 300 000 CIN3 ont été enregistrés en Angleterre.

Le cancer du col était diminué de 87 % chez les jeunes filles vaccinées à l'âgée de 12-13 ans, de 62 % chez celles vaccinées à l'âge de 14-16 ans et de 34 % chez celles vaccinées à l'âge de 16-18 ans. Quant aux dysplasies de type CIN3, elles étaient diminuées respectivement de 97, 75 et 39 %.

Informer et convaincre la population

La limite principale de l'étude tient au fait que le cancer du col reste rare chez les jeunes femmes. Et alors qu'un léger changement d'âge au premier dépistage modifie substantiellement les résultats (en témoignent les changements de recommandations britanniques), la majorité des femmes vaccinées ont été contrôlées avant l'âge de 25 ans. Il est ainsi probable, soulignent les auteurs, qu'il est encore trop tôt pour mesurer pleinement l'effet de la vaccination sur le taux de cancer du col.

En France, la vaccination anti-HPV (Gardasil 9), recommandée et remboursée à 65 % par l'Assurance-maladie chez les filles âgées de 11 à 14 ans avec un rattrapage entre 15 et 19 ans, l'est également pour tous les garçons depuis qu'elle a été élargie le 1er janvier 2021 selon les mêmes modalités.

Pour la Pr Maggie Cruickshank de l'université d'Aberdeen, qui n'a pas participé à l'étude, ces résultats devraient inciter à promouvoir la vaccination dans les pays à faible et moyen revenus, où le fardeau du cancer du col est bien plus lourd qu'ailleurs. « La question la plus importante, au-delà de la disponibilité des vaccins (liée aux décideurs des politiques de santé), est l'éducation de la population à accepter la vaccination », souligne-t-elle. 


Source : lequotidiendumedecin.fr