EUROPE ÉCOLOGIE est un mouvement ancré à gauche. Daniel Cohn-Bendit aime bien les passerelles inter-partis, mais il a attaqué Nicolas Sarkozy avec virulence en plusieurs circonstances ; il s’est allié à José Bové, peu suspect de la moindre faiblesse à l’égard de la droite et à Eva Joly qui a appris, dans le milieu judiciaire, à haïr des institutions infectées par les compromissions et, parfois, par la corruption. Ce qui unit les nouveaux leaders de l’écologie politique triomphante est moins l’amour de l’Europe (M. Bové avait voté non au référendum de 2005) que le rejet du conservatisme et du capitalisme. En dépit de son histoire personnelle, M. Cohn-Bendit ne cultive pas la haine de l’autre, peut-être parce qu’il a appris dans la très démocratique Allemagne le respect des différences et l’art compliqué de la négociation. Il aura donc beaucoup de mal à maintenir l’unité de la formation politique qu’il a créée à l’occasion des européennes. Et même s’il redit sans cesse son aversion pour le sarkozysme, on devine qu’il y décèle un certain dynamisme.
Les limites du ratissage.
M. Sarkozy se tromperait néanmoins s’il tentait de circonvenir Europe Écologie en lui ouvrant les bras. Il a seulement pris le parti de ne pas détester Dany le Rouge en dépit de ses multiples attaques. Il commencera par envoyer le Nouveau Centre à la quête des amis de François Bayrou qui lui réclament un changement d’attitude, sinon de programme. Il tentera d’achever le PS qui s’est brûlé lui-même en tirant au lance-flammes contre M. Sarkozy. Il se rend compte qu’avec le Nouveau Centre, il a fait le plein de ses voix de droite et que la gauche, aujourd’hui affreusement divisée, serait majoritaire si elle se rassemblait, si tous, des Mélenchon aux Bové, rejoignaient une grande formation et autour d’un seul nom en 2012. On peut rêver. Mais, pour la droite, le danger existe. Le chef de l’État a eu raison du Front national, puis du MoDem. Il peut certes tenter d’attirer vers lui leurs électeurs, mais il y en a moins.
Ici s’arrêtent les projections. Pour plusieurs raisons : la première est que le scrutin européen est proportionnel à un tour et qu’il ne préjuge pas d’un scrutin majoritaire à deux tours, comme celui de la présidentielle. Au deuxième tour, en 2012, on verra bien si les villiéristes et les lepénistes auront, dans leur désespoir, un autre choix que Sarkozy. La deuxième est que M. Cohn-Bendit, dont on ne niera pas que la seule immense passion est l’Europe, ne cherchera sans doute pas à réitérer son exploit sur le plan national. La troisième est que l’eau coule sous les ponts et que, dans trois ans, les chances respectives de la gauche et de la droite seront déterminées par l’état de l’économie française, de l’emploi, du pouvoir d’achat et du niveau de vie. Si la crise se prolonge au-delà de 2010, c’en sera fini du sarkozysme, que le PS soit en forme ou non, que la gauche soit unie ou non, que le peuple français soit tenté par une aventure ou non. C’est clair : l’électorat français a donné un sursis à M. Sarkozy. Il le jugera sans pitié dans trois ans.
Désordre dans les rangs.
Le président et l’UMP ne sont pas privés d’atouts. Dès lors que leurs opposants se sont livrés depuis dimanche dernier au plus humble des mea culpa en reconnaissant que l’antisarkozysme n’est pas une politique, quels arguments les mêmes opposants vont-ils trouver pour démolir la droite ? Ils ne peuvent se renforcer que si les remèdes anticrise du gouvernement sont inefficaces. Leur chance, c’est un peu l’affaiblissement du pays, qui n’est nullement inéluctable. Mais il y a toutes les raisons de croire que le PS et le MoDem vont atténuer leurs attaques contre le pouvoir. Quelques-uns de leurs leaders, déjà accablés par la pérennité de la droite au pouvoir, ne supporteront pas, cette année, d’attendre un hypothétique changement en 2012 et rejoindront peut-être les rangs du gouvernement remanié, qui reflètera plus que jamais le principe d’ouverture. Bref, on va assister à beaucoup de désordre dans les rangs de l’opposition que Martine Aubry, ou son successeur, aura pourtant pour tâche de resserrer. En réalité, il ne reste à la gauche qu’une carte, celle des élections régionales. Il lui suffirait l’an prochain de conserver son implantation territoriale remarquable pour arrêter la dynamique de l’UMP. Mais après son score de dimanche dernier, l’arrivée en force des écologistes, le succès de la droite, le PS n’est plus sûr de rien.
José Bové et Daniel Cohn-Bendit n’ont rien en commun
LE DESTIN DE SARKOZY DÉPEND MOINS DU RAPPORT DE FORCES POLITIQUE QUE DE L’ÉTAT DE L’ÉCONOMIE EN 2012
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation