L’ENTHOUSIASME des associations de défense des personnes handicapées est modéré en amont de la conférence nationale du handicap. « Nous souhaitons de véritables réponses concrètes aux problèmes que l’on se pose et nous attendons des annonces de la part du président de la République », confie Jean-Marie Barbier, président de l’Association des paralysés de France (APF). Arnaud de Broca, secrétaire général de l’association des accidentés de la vie (FNATH) est encore plus réservé : « On craint que les annonces que Nicolas Sarkozy ne manquera pas de prononcer dans son discours de clôture ne soient guère suivies d’effets et que les conférences, qui tous les trois ans font le bilan des mesures prises en 2005, deviennent des rendez-vous formels. »
Pour lutter contre l’inertie qui règne dans leur secteur, les associations sont, cette année, résolues à taper du poing sur la table. « La loi de 2005 ne s’est pas traduite par des mesures tangibles », juge Jean-Marie Barbier. « 2015, c’est demain, et nous sommes loin d’avoir atteint les objectifs fixés en 2005 », dit encore Arnaud de Broca.
C’est le cas au niveau de l’accessibilité. La loi du 11 février 2005 prévoyait que tous les bâtiments publics soient accessibles dans les dix ans. « Ce délai laissait le temps d’investir dans du matériel et, pour les communes, de répartir leurs budgets. Mais beaucoup sont restées dans les starting blocks », constate le président de l’APF. Selon le baromètre de son association, publié au début de l’année, la moyenne des préfectures de département dans leurs efforts en faveur de l’accessibilité plafonne à 11/20. Soit 1 point de plus que l’an dernier. « Le boulot ne sera pas fait d’ici quatre ans », résume Jean-Marie Barbier. Selon une autre étude, en 2010, moins de 15 % des bâtiments publics étaient conformes aux normes. « Faute d’une réelle impulsion politique et financière au sommet de l’État, ce véritable enjeu de société va être raté : communes, agglomérations, entreprises, commerces… tous sont en retard et la plupart n’ont même pas débuté le moindre diagnostic », s’insurge de son côté la Fédération des aveugles de France (FAF), dans une lettre ouverte au président de la République.
Les associations craignent en outre que la situation n’empire avec l’accord de dérogations à l’accessibilité du bâti neuf, proposé par le sénateur-médecin Paul Blanc (UMP, Pyrénées-Orientales) dans une loi examinée au Sénat fin juin. « Les acteurs de bonne volonté vont se dire qu’ils n’auraient rien dû faire », analyse Jean-Marie Barbier.
Chômage et exclusion.
Autre sujet sensible, l’emploi devrait faire l’objet de l’annonce d’un plan. Le taux de chômage des personnes handicapées, qui culmine à 19,3 %, est en effet 2 à 3 fois supérieur à celui de la population générale, et reflète la discrimination dont elles sont victimes au sein des entreprises ou de la fonction publique. Les choses bougent, mais trop lentement aux yeux des associations. Nicolas Sarkozy avait en effet incité, lors de la première conférence en 2008, les entreprises de plus de 20 salariés à respecter l’obligation d’embaucher au moins 6 % de travailleurs handicapés, et leur contribution, en cas de non-respect, a été alourdie en 2010. « Nous avons constaté que, lors de la crise, les employeurs n’ont pas licencié en première ligne les handicapés, mais les taux d’emploi baissent désormais », observe Jean-Marie Barbier. « Quand on creuse, on remarque que si les entreprises sont de moins en moins nombreuses à n’embaucher aucun travailleur handicapé (elles représentent 21 %), elles sous-traitent pour la plupart à des structures adaptées pour des sommes modiques », ajoute Arnaud de Broca. Et la fonction publique ne fait pas non plus figure de bon élève. Certes, elle compte 4 % de handicapés, au-dessus des 2,4 % du privé. Mais c’est encore loin des 6 % légaux et, surtout, derrière la moyenne, se cachent de graves inégalités. L’Éducation nationale, qui en outre ne cotise pas au fonds pour l’insertion des personnes handicapées (FIPH), plafonne à un taux de 1,1 %.
Enfin, la scolarisation des enfants handicapés sera au cœur du débat, avec notamment la remise d’un rapport de Paul Blanc à Nicolas Sarkozy en milieu de journée. Si on constate des progrès avec la hausse du nombre d’enfants scolarisés (ils sont 200 000 en 2010, contre 133 0000 en 2005), reste le problème des auxiliaires de vie scolaires, au statut toujours précaire. « Ils sont sous-formés, en nombre insuffisant, mal payés : cela ne permet pas l’intégration des enfants dans les classes », souligne le secrétaire général de la FNATH.
« Il manque une vraie politique du handicap », conclut-il. Il en veut pour preuve l’absence de réunion, selon lui, du comité interministériel du handicap, depuis sa création en février 2010. La Fédération des aveugles de France déclare, elle, que le comité de suivi du plan Handicap visuel « ne s’est réuni qu’une seule fois » depuis trois ans, faisant de cette structure une coquille vide.
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