LE PRÉSIDENT du MoDem continue à affirmer que les jeux ne sont pas faits alors que les sondages les plus récents le situent à 10 % ou moins. Il sera vraisemblablement devancé par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. On ne saurait négliger le combat entêté de cet homme qui, en définitive, est le seul, de tous les candidats à ne pas tomber dans le déni de réalité. Il perçoit, et depuis longtemps, la déliquescence où un endettement forcené a conduit le pays. Il a été bousculé non par l’indigence de ses idées mais par le très regrettable raz-de-marée démagogique qui s’est abattu sur la campagne. Quand il fallait dire que la France ne s’en sortirait pas si elle ne réduisait pas sa dette en visant le déficit zéro, tous les candidats, sauf lui, se sont mis à vendre du rêve.
Tout au plus peut-on admettre que M. Bayrou n’est pas Churchill. Il lui manque, selon nous, la dimension charismatique qui aurait convenu à la majorité silencieuse, celle qui, en définitive, au-delà des meetings enflammés et des manifestations libertaires, décidera de l’orientation de la France. Il n’est pas impossible que la perspicacité de M. Bayrou l’aide à préférer le programmatique à l’humain. Tout y concourt : M. Sarkozy a annoncé « seulement » 9,5 milliards de dépenses supplémentaires contre 26 pour François Hollande ; le candidat centriste écarte les solutions faciles et périlleuses imaginées sous l’empire de la fureur ou de la naïveté par les Mélenchon, Le Pen, Poutou, Arthaud, Joly et Dupont-Aignan ; enfin, que peut-il apporter à M. Hollande si les neuf dixièmes de l’électorat mélenchoniste se reportent sur M. Hollande ?
Il est vrai que le candidat socialiste, dont la prudence est extrême, se garde d’envoyer M. Bayrou aux pelotes alors qu’il a déjà fermé la porte à M. Mélenchon. Lequel a vu dans ce rejet une forme d’arrogance et d’irrespect alors que le candidat du Front de gauche, pour sa part, ne respecte jamais personne. Il demeure improbable, néanmoins, que, entre les deux tours, M. Hollande renonce à ses propositions, notamment la création de 60 000 emplois dans la fonction publique, que dénonce M. Bayrou. Un accord entre socialistes et centristes, forcément assorti de concessions de M. Hollande, ne serait possible que si, au premier tour, l’avance de M. Sarkozy était supérieure à deux points, étant entendu que rien ne permet de penser que M. Sarkozy arrivera forcément en tête.
Une hypothèse lointaine.
En revanche, un soutien du MoDem à M. Sarkozy pourrait être décisif. On doit reconnaître que le président sortant, dont les convictions idéologiques relèvent du grand écart, ne souffrirait pas trop des concessions majeures qu’il devrait proposer à M. Bayrou, puisqu’il est, depuis un an au moins, dans un état de survie politique précaire. Jean-Louis Borloo, autre centriste, mais proche, lui, de M. Sarkozy, verrait ses espoirs s’envoler. Comme il a été question de faire de M. Borloo le prochain chef du gouvernement de la droite, M. Sarkozy, dont les scrupules sont souvent atténués par la dure nécessité, pourrait penser, pour le poste, à l’autre centriste, celui qui le combat depuis longtemps. Il s’agit d’une hypothèse lointaine et risquée. Elle est toutefois vraisemblable, dans la mesure où elle s’appuie sur les contraintes subies par la droite à cause de l’impopularité de président candidat et où elle offre à M. Bayrou le dernier espoir de compter dans la gestion du pays. Elle souffre assurément de deux difficultés : personne n’est propriétaire de ses voix, d’autant que les électeurs de M. Bayrou sont aussi des antisarkozystes purs et durs ; et, au-delà de toutes les combinaisons, demeure le fait irréfutable que, cette année, la gauche dispose, au total, d’une avance de huit à neuf pour cent sur la droite.
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