La prévention et la prise en charge des chutes chez le patient âgé font l’objet de recommandations* spécifiques. Face à une personne âgée ayant fait une chute, le premier objectif est de rechercher les conséquences immédiates de la chute : traumatismes physiques, fractures, éléments de gravité tels que l'incapacité du patient à se relever seul du sol.
« Dans certains cas, le patient est resté longtemps à terre après sa chute, ce qui peut engendrer des conséquences graves : insuffisance rénale, hypothermie ou infections respiratoires », souligne le Pr François Puisieux, gériatre, responsable du pôle de gérontologie au CHRU Lille. Il faut rechercher le syndrome post-chute (syndrome de désadaptation psychomotrice dont il existe deux formes. « La forme aiguë qui survient après une chute et une forme plus chronique. Ce syndrome est caractérisé par une phobie de la chute (la personne étant alors incapable de passer l'antépulsion du tronc pour se lever) et par une rétropulsion du tronc dès la position assise, mais aussi, en position debout. Cela peut rendre la station debout et la marche impossibles », ajoute le Pr Puisieux. La prise en charge du syndrome post chute est nécessaire et urgente de même que le repérage de pathologies graves nécessitant une prise en charge immédiate (troubles du rythme, infarctus du myocarde, embolie pulmonaire, AVC, crise d'épilepsie, pneumopathies, hypoglycémie…).
Évaluer le risque de nouvelle chute
Il faut également évaluer le risque lié aux nouvelles chutes. « Ce risque est d'autant plus important que la personne est tombée plusieurs fois. Le risque est également majoré si les chutes ont augmenté en fréquence, de manière récente, si la personne a des troubles de l'équilibre et de la marche. Ces troubles sont facilement évaluables, notamment par le Timed Up & Go Test (épreuve qui consiste à demander au patient partant d'une position assise sur chaise, de faire 3 mètres, puis, demi-tour avant de de revenir vers la chaise et de se rassoir). Il faut chronométrer le patient durant la réalisation de cette épreuve : si la personne met plus de 20 secondes à faire cette épreuve, cela signifie qu'elle a un risque élevé de faire une nouvelle chute. Certains experts abaissent même ce seuil à 14 secondes », indique le Pr Puisieux. En complément du Timed & Go test, on peut aussi évaluer la station unipodale du patient. « Un sujet âgé qui n'est capable de tenir 5 secondes sur un seul pied est à haut risque de chute grave dans l'avenir », précise-t-il. À l'issue de ces deux tests, le praticien peut aisément distinguer le sujet à haut risque de chute de celui à faible risque (ayant fait une chute accidentelle, dans des circonstances favorisantes, qui marche bien et qui n'a pas modifié ses habitudes de vie). En outre, le médecin doit évaluer le risque de conséquences graves en cas de nouvelle chute. Ce risque concerne, en particulier, les patients ayant une ostéoporose, prenant des anticoagulants et des antiagrégants et ceux qui vivent seuls, à domicile, et qui sont dans l'incapacité de se relever seuls après une chute. À ce stade, le praticien doit de se poser la question d'une éventuelle hospitalisation, nécessaire en présence de conséquences immédiates graves, d'une pathologie causale nécessitant l'hospitalisation ou d’un risque élevé de nouvelle chute et, surtout, de chute grave.
Corriger les facteurs de risque
« En fonction du niveau de risque, nous devons, en outre, proposer une prise en charge qui vise à prévenir le risque de nouvelle chute et de chute grave. Si le risque est faible, les recommandations se limitent à celles du "bien vieillir" (pratiquer une activité physique, manger équilibré…) et à la recherche des facteurs de risque majeurs (hypotension orthostatique, prise de médicaments pouvant favoriser les chutes et, notamment, les psychotropes) », note le Pr Puisieux. Pour les sujets à haut risque de chute ou à haut risque de gravité en cas de chute, il convient de rechercher les facteurs de risque pour les corriger, dans la mesure du possible (ostéoporose, maladies cardiaques, psychiatriques, comportements à risque, prise inutile de psychotropes…). Par ailleurs, « chez le sujet âgé chuteur, il faut toujours procéder au dosage de la 25 OH vitamine D2 et D3 et supplémenter en vitamine D, en cas d’insuffisance (après la dose de charge pour revenir à un taux sanguin au-dessus de 30 ng/ml, le traitement d’entretien idéal consiste à donner 1 000 unités par jour ou 25 à 50 0000 unités par mois**) », assure le Pr Puisieux. Dans tous les cas, le médecin doit revoir rapidement son patient (sous une semaine ou 15 jours). Enfin, beaucoup de services de gériatrie sont, aujourd'hui, dotés de structures multidisciplinaires expertes de la chute. Le médecin généraliste doit penser à adresser ses patients âgés chuteurs complexes à ces structures spécialisées.
* HAS (2009) et Référentiel de bonnes pratiques de l'INPES.
** Ce dosage n’est pas pour l’instant disponible en France. On peut donner soit 80 000 unités de cholécalciférol par mois, soit 100 000 unités tous les 2 mois.
Mise au point
La périménopause
Mise au point
La sclérose en plaques
Etude et Pratique
Appendicite aiguë de l’enfant : chirurgie ou antibiotiques ?
Mise au point
Le suivi des patients immunodéprimés en soins primaires