La faculté de médecine de Lyon-Sud a tenté de désamorcer la polémique qui enfle depuis la parution d’une enquête dans « MetroNews » suggérant que des étudiants en médecine s’exerçeraient au toucher vaginal sur des patientes endormies au bloc opératoire.
La reproduction sur les réseaux sociaux d’une feuille d’objectifs de stage, sur le site de la faculté de médecine de Lyon-Sud, a mis le feu aux poudres. Selon ce document non daté – qui a depuis été retiré – sur lequel figure le nom de l’ancien chef de service, les étudiants devaient réaliser des « examens cliniques de l’utérus et des annexes par le toucher vaginal et le palper abdominal lors d’apprentissage au bloc sur patiente endormie ».
Dignité, excellence et service
Joint par « le Quotidien », le chef de service de gynécologie-obstétrique de Lyon-Sud dément formellement de telles pratiques. « Nous n’avons jamais utilisé cette feuille d’objectifs, qui n’a jamais eu cours dans mon service, affirme le Pr François Golfier. Cette fiche est un très vieux document, tellement archaïque qu’on a cherché à comprendre comment elle avait pu se retrouver sur le site de la faculté mais personne ne sait d’où elle vient. »
Le chef de service et son prédécesseur ont tenu une conférence de presse hier, jeudi, pour démentir fermement les accusations et faire une mise au point. « Seulement quatre personnes font les gestes nécessaires au bon déroulement d’une intervention, explique le Pr Golfier : le chirurgien en titre, un instrumentiste, un interne et un étudiant en médecine. En gynécologie-obstétrique, l’étudiant est au contact de la sphère génitale et mammaire. Les étudiants font tous les gestes nécessaires au bon déroulement de l’intervention. Pendant les opérations, les externes peuvent mettre le spéculum ou manipuler l’utérus pour l’exposer au chirurgien pour le bon déroulement de l’intervention. On ne fait bien évidemment pas venir des étudiants au bloc quand les patientes sont endormies !» « La formation à l’examen gynécologique se fait en consultation, précise le Pr Golfier, dont la devise est « dignité, excellence et service ».
Le chef de service ne supporte pas que certains aient pu aller jusqu’à employer le terme de « viol ». « Ces propos sont inacceptables, c’est de la diffamation. C’est toute une vie professionnelle consacrée au suivi des femmes qui est mise en cause. On en a gros sur le cœur. »
De fait, l’affaire a eu des répercussions considérables. De nombreux médias nationaux et internationaux ont évoqué une pratique courante dans les hôpitaux français... « Dans le bloc opératoire, il y a plein de femmes. Vous imaginez que personne ne se serait offusqué de telles pratiques ? », ajoute le Pr Golfier.
L’importance d’une formation pratique
L’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) a réagi à cette polémique « laissant à penser que les carabins pratiqueraient sans vergogne des touchers vaginaux à des patientes endormies sans obtenir leur consentement et en dehors de tout soin ». L’ANEMF affirme ne pas cautionner de telles pratiques.
Les futurs médecins expliquent cependant que cette affaire ne doit pas remettre en cause l’activité pratique, fondamentale dans la formation. « Pratiquée dans un cadre qui respecte scrupuleusement les règles de déontologie et les parcours de soins, elle ne doit jamais être remise en question », affirme l’ANEMF.
La formation des futurs médecins aux gestes sensibles est très encadrée, confirme au « Quotidien » Nicolas Nocart, président de l’Association nationale des internes de gynécologie obstétrique de France (AGOF). « Dans beaucoup de facultés, les étudiants peuvent le faire en stage de sémiologie dès la 2e ou 3e année sur un mannequin mais je n’ai jamais entendu parler d’entraînement en bloc sur patiente endormie, affirme-t-il. L’apprentissage des touchers vaginaux se fait lors du stage d’externat en gynécologie obstétrique, généralement en 5e ou 6e année, en consultation, avec l’accord de la patiente et en présence d’un senior, un chef ou un interne. »
« C’est un apprentissage difficile, précise l’interne, un moment délicat. Mais quand on demande aux patientes si l’étudiant peut réaliser l’examen, on essuie très peu de refus. »
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