Entre le fantasme et la réalité, la médecine fait-elle toujours rêver ? Fil rouge des troisièmes ateliers débat de l'association « Femme médecin libéral » (FML), cette question a été posée au Dr Patrick Bouet, président de l'Ordre, qui vient de publier un livre blanc en faveur d'une réforme du système de santé français jugé « à bout de souffle » (Le Quotidien du 28 janvier).
Pour le patron de l'Ordre, les jeunes se passionnent plus que jamais pour cette filière universitaire (comme en témoignent les nouvelles inscriptions record en PACES) mais ils déchantent progressivement au regard des fortes contraintes du métier (horaires, charges administratives judiciarisation…).
« Être médecin, c'est pourtant faire partie des quatre ou cinq professions qui régulent l'équilibre de notre société, insiste le Dr Bouet. Nous devons garder la conviction que le médecin est un acteur régulateur de fond, un moteur d'innovation technique et humaine mais aussi l'un des rares à avoir accès à l'intimité des personnes ».
Pour le médecin généraliste, cette qualité du métier contribue à sa forte cote de popularité auprès de nouveaux venus sur les bancs de la faculté. « Les jeunes veulent faire ce métier pour les patients, insiste-t-il. Pour eux, la rencontre humaine est au premier plan. »
Sémantique anxiogène
Le Dr Bouet ne sous-estime pas les obstacles qui se dressent sur la route des futurs praticiens. La réussite de la première année commune aux études de santé (PACES) est le premier d'entre eux. 60 000 jeunes s'y essayent chaque année alors qu'en 2016, le numerus clausus ne sélectionnera que 7 633 carabins…
Malgré les réformes des études, le gâchis humain reste entier. Surtout, 1 500 jeunes Français contournent actuellement le système du numerus clausus, vont « poursuivre leur rêve » à l'étranger et repassent les frontières en sens inverse quelques années plus tard pour suivre leur internat.
L'absence de politique cohérente d'aménagement du territoire contribue au désenchantement de la profession, relève le Dr Bouet. Ainsi la sémantique anxiogène de la désertification médicale a fait des ravages. « Là où il n'y a pas de médecin, il n'y a rien d'autre, analyse-t-il. Il existe des territoires désertés et non des déserts médicaux. Nous n'avons pas à être culpabilisés par les errances des gouvernements. »
Faute d'avoir une potion magique, le Dr Bouet se veut pragmatique. « Le métier doit continuer à être idéalisé, mais avec lucidité ! ». Dans son livre blanc sur le système de santé, l'Ordre avance des propositions concrètes dans trois domaines : la simplification de l'organisation territoriale des soins, la mutualisation de la charge administrative pour les médecins et la professionnalisation (et la régionalisation) de la formation. Autant de recettes pour faire bouger les lignes.
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