DE NOTRE CORRESPONDANT
AFFUBLÉ par les médias du surnom éloquent de « Dr Frankenstein », ce neurologue âgé de 67 ans avait été radié à vie en 2006, à l’issue d’un procès retentissant. L’audience révéla qu’il avait posé au moins 20 diagnostics totalement erronés, et mis en place des traitements très lourds pour des malades qui n’en n’avaient pas besoin. Un patient, diagnostiqué Alzheimer à tort, s’était suicidé peu après. D’autres avaient subi des interventions chirurgicales inutiles.
Outre les cas pour lesquels il a été condamné, plusieurs dizaines de patients pourraient avoir été victimes de ses erreurs. Par ailleurs, le médecin, dépendant aux médicaments, avait détourné des sommes importantes et falsifié un certain nombre de document. C’est comme cela qu’il fut découvert, puis licencié en 2003 de l’hôpital d’Enschede où il exerçait, avant que le scandale n’éclate au grand jour.
A travers les mailles.
Pourtant en 2009, le neurologue pose sa candidature dans une petite clinique allemande, où il est engagé quelques mois comme adjoint, avant d’être remercié suite à des révélations sur son passé hollandais.
En 2011, rebelote. Il passe par une agence de placement médical allemande, qui propose ses services...à l’hôpital de Heilbronn, non loin de Stuttgart, où il travaille sans encombre jusqu’à début janvier.
Retrouvé par des journalistes hollandais, il est mis à pied dès la diffusion de leur reportage aux Pays-Bas.
L’affaire fait grand bruit aux Pays-Bas et en Allemagne. Les deux pays s’interrogent publiquement pour savoir comment une telle situation a pu se produire. Il existe en effet des procédures et des règlements européens pour s’assurer de la compétence des médecins exerçant dans un autre pays que le leur, règlements que la directive sur les soins transfrontaliers a encore durcis en 2011.
Le médecin, qui a obtenu des autorisations d’exercice en Allemagne, est visiblement passé à travers les mailles du filet, comme son agence de recrutement qui devra rendre des comptes. Le praticien n’a toutefois causé aucun dégât en Allemagne car il ne jouait qu’un rôle mineur dans les processus de décisions.
Manque de curiosité.
La ministre de la santé néerlandaise a critiqué « le manque de curiosité de l’hôpital de Heilbronn » qui a engagé le neurologue sans enquête sérieuse. Une simple recherche sur internet lui aurait permis de le démasquer d’emblée. Le directeur de l’hôpital qui, comme tous les hôpitaux allemands, est sous tutelle de la région et non de l’État, se dit surpris et choqué.
Les organisations de médecins allemands réclament des vérifications plus sévères en matière de circulation des professionnels. En attendant, ce gros « couac » fait d’autant plus désordre que les hôpitaux allemands, comme leurs homologues de nombreux pays européens, font souvent appel à des médecins étrangers pour assurer leur fonctionnement quotidien.
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