Prise en charge des comorbidités

Vieillir non prématurément avec le VIH

Publié le 07/01/2013
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LA RÉDUCTION de la mortalité et de la morbidité liées au VIH secondaire à l’utilisation des multithérapies antirétrovirales depuis 1996 s’est accompagnée d’un vieillissement des patients infectés par le VIH. Ainsi selon la « French Hospital Database on HIV » un quart environ des patients infectés par le VIH en France a maintenant plus de 50 ans.

Un nombre important d’études montre que les patients infectés par le VIH présentent plus précocement les mêmes comorbidités que la population générale : troubles cognitifs, maladies cardiovasculaires (HTA, infarctus du myocarde, …) ,ostéoporose, dyslipidémie, insuffisance rénale, cancers non classant sida, d’où le concept de "vieillissement prématuré" chez ces patients.

Plus de 30 % des patients infectés ont une altération de la fonction rénale et/ou une protéinurie, facteurs prédictifs asymptomatiques de mortalité et, jusqu’à 50 %, selon les études, ont des troubles cognitifs dont les mécanismes physiopathologiques ne sont pas « clairs » mais vraisemblablement multifactoriels, explique le Dr Alan Winston (Londres Royaume-Uni) en soulignant « qu ’il est important de diagnostiquer ces troubles le plus tôt possible afin d’assurer à ces patients une prise en charge adaptée ».

Supplémentation vitaminique.

Le processus de déminéralisation osseuse, associé à l’âge chez les personnes non infectées, est plus précoce et plus fréquent chez les sujets infectés par le VIH,avec comme conséquence clinique une augmentation du risque de fracture ostéoporotique, en particulier chez les hommes âgés de plus de 40 ans et chez les femmes âgées de plus de 60 ans.

Commentant ces résultats le Pr Henri Laurichesse ( Clermont-Ferrand) rappelle l’implication de la vitamine D dans le métabolisme osseux et souligne l’intérêt d’une supplémentation en cas de déficit en vitamine D souvent observé chez les patients infectés par le VIH.,

Plusieurs mécanismes se conjuguent pour rendre compte de la survenue précoce des complications liées au vieillissement : la présence du virus, même lorsque l’infection est bien contrôlée, le déficit immunitaire (diminution du taux de CD4) qui peut résulter d’un traitement insuffisant mais aussi de l’épuisement du système immunitaire lié à l’immunosénescence et de l’effet délétère de certaines molécules antirétrovirales.

Glasgow. 11th International Congress on HIV Drug Therapy. Symposium Abbott présidé par le Pr Fiona Mulcahy (Irlande). Challenging questions in HIV Long-Term therapy in an Ageing Population.

 Dr Micheline FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9207