MALGRÉ les traitements antirétroviraux, qui inhibent la propagation virale et réduisent nettement la charge virale sanguine, l’infection à VIH persiste dans l’organisme et ne guérit pas. Ceci tient en partie à l’existence de réservoirs de virus à l’état latent dans des cellules T CD4 + quiescentes qui n’expriment pas de protéines virales, mais peuvent être réactivées.
De récentes études de génétique virale ont révélé qu’il existe probablement d’autres réservoirs cellulaires.
Les cellules progénitrices hématopoïétiques (CPH), qui englobent les CPH multipotents et les cellules souches hématopoïétiques (CSH), pourraient, peut-être, constituer un tel réservoir. Cependant, il s’est avéré difficile de démontrer qu’elles sont effectivement infectées par le VIH, en raison notamment de la difficulté à les maintenir en culture.
Carter et coll., en recourant à des méthodes récentes de culture et à la cytométrie de flux, ont réussi à démontrer qu’une fraction des cellules progénitrices hématopoïétiques (CD34 + et multipotentes) est infectée par le VIH. Ils l’ont constaté in vitro, ainsi qu’in vivo chez des sujets infectés par le VIH et sous antirétroviraux depuis plus de 6 mois. Tandis que certains progéniteurs hématopoïétiques sont le siège d’une infection active cytotoxique, conduisant à la mort cellulaire, une autre sous-population de CPH héberge une infection latente, qui peut être activée par des cytokines (GM-CSF et TNF-alpha).
Présence d’ADN viral sans production de VIH.
« Ces résultats ont des implications majeures pour comprendre la pathologie induite par le VIH au sein de la moelle osseuse et les mécanismes par lesquels il provoque une infection persistante… Nous avons découvert que le VIH infecte les cellules hématopoïétiques de la moelle osseuse, explique au « Quotidien » le Dr Kathleen Collins de l’Université du Michigan à Ann Arbor. Lorsque le virus infecte ces cellules qui donnent naissance à toutes les cellules sanguines, il peut provoquer une infection active, avec la mort des cellules infectées, ou une infection latente caractérisée par la présence d’ADN viral sans production de VIH. Ces cellules infectées de façon latente survivent et peuvent être ultérieurement activées pour produire du virus… Elles résistent à la réponse immune de l’hôte et ne sont pas sensibles au traitement. Elles peuvent servir de réservoir et dès que les traitements anti-VIH sont arrêtés, l’infection virale rebondit toujours. »
« Comprendre l’existence de ces réservoirs nous aidera à trouver des voies thérapeutiques pour les éliminer ou les vider. Nous pourrions peut-être aussi trouver le moyen d’empêcher l’accumulation de ce type de réservoir cellulaire. Nous essayons maintenant de comprendre si les cellules souches de la moelle osseuse sont infectées. Elles sont les plus aptes à vivre longtemps et à persister pendant toute la survie de la personne infectée, laisse entrevoir le Dr Collins. Nous sommes aussi curieux de savoir si tous les types de VIH infectent les progéniteurs hématopoïétiques ou si cela est réservé à certains types. »
« Enfin, nous voulons savoir si nous pouvons développer des stratégies pour activer le virus latent. En théorie, ceci pourrait conduire à la mort des cellules infectées par l’effet toxique du virus. Mais cela pourrait essentiellement vider les réservoirs » conclut-elle.
Nature Medicine, 7 mars 2010, DOI : 10.1038/nm.2109.
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