À l’occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21* du 21 mars, l’Institut du cerveau (ICM) et l’Académie de médecine se mobilisent pour sensibiliser à cette anomalie chromosomique congénitale et pour rappeler les enjeux de la recherche et de la prise en charge des 70 000 personnes porteuses en France.
Première cause de déficit intellectuel d’origine génétique et classée comme maladie rare, la trisomie 21 connaît une incidence proche de 1/2 000 naissances vivantes. Mais, « sa prévalence augmente en raison de l’allongement de l’espérance de vie des personnes porteuses de trisomie 21 », souligne l’Académie, dans un communiqué.
Quatre « fenêtres d’intervention »
L’institution relève quatre « fenêtres d’intervention » possibles pour améliorer la prise en charge des personnes porteuses : en prénatal « pour agir sur le développement précoce du cerveau », chez l’enfant (de la naissance à l’adolescence) « pour compenser les troubles cognitifs », chez le jeune adulte (20 à 40 ans) « afin de détecter et traiter les syndromes dépressifs et autres comorbidités » et après 40 ans « pour prévenir les troubles de la maladie d’Alzheimer ».
Lors d’une table ronde virtuelle, diffusée sur YouTube, l’ICM a fait un point sur les recherches en cours à l’institut. La découverte de la présence de plus de 300 gènes, en trois copies dans la trisomie 21, lors du séquençage du chromosome 21 en 2000, illustre bien qu’il s’agit d’une « maladie complexe », estime la Dr Marie-Claude Potier, directrice de recherche à l’ICM.
Pour mieux appréhender cette complexité, une équipe de l’ICM travaille à la création de modèles de souris avec le gène chromosome 21 humain. L’idée est de comprendre le fonctionnement d’un cerveau trisomique, mais aussi de pouvoir évaluer des traitements et des molécules en prenant en compte toutes les interactions possibles. Récemment, des travaux sur l’augmentation des capacités cognitives dans les modèles murins ont abouti à l’évaluation d’une « thérapie à base de molécules qui régulent le gamma (molécule inhibitrice) », explique la Dr Potier.
Comprendre le cerveau trisomique
D’autres recherches s’intéressent à la partie physiologique, le fonctionnement des neurones. Alors que le cerveau trisomique se caractérise notamment par un excès d’activité inhibitrice, les chercheurs tentent d’identifier quels neurones sont impliqués. « Nous avons trouvé certains circuits spécifiques qui sont altérés dans les cerveaux trisomiques et qui ont une identité particulière (morphologique, anatomique, fonctionnelle) », souligne Javier Zorrilla de San Martin, post-doctorant à l’ICM.
Ces recherches ont pour but d’identifier des cibles potentielles pour agir sur l’activité des neurones et améliorer des performances cognitives. Des interventions pourraient être ainsi envisageables « autour de la naissance avec un rattrapage des retards de développement et chez le jeune adulte avec une compensation par des thérapies comportementales », poursuit la Dr Marie-Claude Potier.
Chez l’adulte, l’enjeu est d’anticiper la maladie d’Alzheimer, alors que « 70 % des personnes trisomiques de plus de 65 ans auraient des atteintes de type Alzheimer, beaucoup plus que dans la population générale », rappelle la directrice de recherche, dont une équipe travaille sur les biomarqueurs pour l’identification précoce des personnes à risque d’Alzheimer.
* Fixée le 21 mars pour symboliser la trisomie 21 (21/03 pour 3 chromosomes 21), cette journée consacrée à la maladie a été mise en place en 2005 à l'initiative de l’Association française de recherche sur la trisomie 21, avant d’être reconnue comme journée mondiale par l’OMS en 2007, puis par l’ONU en 2011.
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