Chaque année, le prix « Prescrire » « récompense les ouvrages particulièrement utiles et fiables pour les soignants et le public » (dixit ses organisateurs). Les quatre lauréats de l'édition 2017 ont été dévoilés ce jeudi 5 octobre lors d'une cérémonie qui s'est tenue dans les locaux de la revue médicale, à Paris.
- Dépakine, le scandale. Je ne pouvais pas me taire, de Marine Martin (présidente de l’Apesac), « raconte l’histoire d’un combat, depuis les questionnements sur les faillites des institutions sanitaires et le silence de Sanofi, jusqu’à l’action avec la création d’une association pour faire bouger les lignes, a indiqué Pierre Frouard, président du jury, médecin responsable de la rubrique « Lu pour vous » de « Prescrire ». Et son auteure n’est pas un professionnel de santé mais une patiente qui n’a pas été protégée par les professionnels du médicament. »
- La mort est-elle un droit ? du Dr Véronique Fournier, retrace les réflexions et débats qui ont eu lieu en France sur le sujet de la fin de vie. « La loi sur le sujet est une loi de compromis et pas de consensus, et ce compromis est extrêmement instable », a souligné l’auteure.
- Private patents and public health (ou Brevets privés et santé publique), un ouvrage en anglais d’Ellen 't Hoen, une juriste irlandaise. « À quoi sert un médicament, aussi efficace soit-il, si on n’y a pas accès ? s’est interrogé Pierre Frouard. La protection par un brevet signifie monopole et difficultés d’accès. » Même les pays les plus riches avaient du mal à payer pour certains médicaments et que les professionnels de santé devaient s’engager et dénoncer les prix exorbitants, a souligné l'auteure lors de son intervention.
- Trop soigner rend malade, de Claude Rambaud (présidente du Lien), et du Dr Jean-Pierre Thierry. « Les auteurs estiment que 60 000 patients meurent par an en France à cause d’erreurs médicales évitables, ce qui en fait la troisième cause de mortalité après le tabac et l’alcool, a précisé Pierre Frouard. Il est donc important de partager l’information avec les patients, pour permettre un choix éclairé. »
Le directeur général de l’ANSM présent
Le président du jury « Prescrire » a ensuite introduit le débat, portant sur le thème « agir avec les patients et les victimes de soins : pour des soins de qualité, plus sûrs » et qui faisait la part belle à Marine Martin, la première auteure primée. Pierre Frouard a rappelé que les scandales sanitaires ne manquent pas (« Vioxx, DES, Dépakine, médiator, pilule 3G… », a-t-il énuméré), et qu’il faut écouter les victimes de médicaments, et les représentants de patients (« quand ils ne sont pas des faux nez de l’industrie pharmaceutique ») pour repérer les progrès thérapeutiques.
Le débat qui a suivi a particulièrement porté sur les responsabilités lors de ces scandales : l’État, les laboratoires, les médecins prescripteurs… mais aussi les pharmaciens ? ont interrogé certains. « Le pharmacien qui dispense est dans une situation difficile car il n’est pas rémunéré pour faire son travail mais à la marge, sur la vente de boîtes », a rappelé Pierre Frouard.
La crainte générale est celle d’un prochain scandale à venir. « Il n’est pas normal que l’agence du médicament soit aussi dépendante du ministère de la Santé, lui-même assujetti aux firmes pharmaceutiques », a assené Marine Martin. « Il faut une indépendance des agences, et cela est aussi valable pour l’EMA, l’agence européenne du médicament. »
Signe des temps ? Dominique Martin, DG de l’Agence nationale de sécurité du médicament, était présent à l’événement. Il est intervenu pour dire que « le problème ne peut pas être résolu par une simple évolution. Le pictogramme (inscrit sur le valproate de sodium pour prévenir les femmes enceintes du danger) est une première piste, et va être généralisé à tous les médicaments tératogènes. Il faut trouver d’autres pistes, en plus de l’avancée de la démocratie sanitaire. » Il a aussi indiqué qu’une structure dédiée à « médicaments et grossesse » avait été créée à l’ANSM.
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