› DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES TEXTILES ont envahi le domaine de la santé. Largement utilisés dans la conception de dispositifs médicaux, ils deviennent aujourd’hui « intelligents » en intégrant dans leurs fibres des fonctionnalités adaptées à diverses pathologies médicales.
Une journée technologique était organisée mi mars à la Faculté de Médecine de Lille pour présenter les solutions textiles appliquées à l’autonomie et la dépendance. Voilà déjà de nombreuses années que les chercheurs s’appliquent à intégrer dans les fibres textiles des capteurs et autres micro-capsules qui leur confèrent des propriétés particulières. Certains textiles « chargés » de produits actifs ont ainsi des vertus cicatrisantes. Le Dermasilk, présenté à Lille, a fait ses preuves pour traiter les ulcères des diabétiques : réalisé en soie polymérisée avec un antibactérien à large spectre, il a un pouvoir bactéricide qui accélère la cicatrisation. Dans le même esprit, un groupe de chercheurs européens a mis au point un tissu luttant contre les infections nosocomiales. Imprégné d’une molécule qui attire à la surface du tissu les micro-organismes en vue de les perforer, il résiste aux cycles de blanchissage et peut être utilisé pour la confection des draps et des chemises d’hôpital.
Autre application prometteuse : le textile équipé de fibre optique led développé par Philips. Intégré dans une combinaison pour bébé, il est utilisé pour traiter la jaunisse du nourrisson grâce à sa luminosité. Entièrement enveloppé dans sa « turbulette », le bébé est exposé à la lumière sans avoir besoin d’être placé sous des lampes. Une innovation qui permet de traiter la jaunisse au domicile des parents, sans nécessiter de prolonger le séjour en maternité.
Mais c’est encore dans le domaine de la dépendance que les textiles intelligents sont le plus attendus. Alors que la population ne cesse de vieillir - 21 millions de Français auront plus de 60 ans en 2035, 5 millions plus de 85 ans en 2050 - et que la prévalence des maladies chroniques va en augmentant au même rythme, les innovations favorisant le maintien à domicile focalisent l’attention des chercheurs. Équipés de capteurs, les textiles deviennent des indicateurs précieux pour donner l’alerter en cas de problème. Il en va ainsi du tapis détecteur de chutes. Développé notamment par le fabricant belge Centexbel, il est doté de capteurs électroniques imprimés sur polyester. Lorsque la personne marche normalement, un pied après l’autre, elle n’active qu’un capteur à la fois. Si elle vient à tomber, plusieurs capteurs sont activés simultanément, par le poids du corps allongé. L’image renvoyée à l’écran de contrôle signale alors l’accident.
Des vêtements comportant une bande équipée de capteurs permettent aujourd’hui un monitoring à domicile : les signes vitaux sont surveillés et transmis par écran à l’équipe soignante. Dans le même esprit, des textiles chargés de substances actives sont capables d’assurer la thermorégulation d’un patient à domicile : des micro-capsules libèrent un produit rafraîchissant lorsque la température du corps augmente.
On le voit, les perspectives offertes sont immenses, mais la technologie n’est pas encore totalement au point. Les chercheurs tâtonnent pour l’alimentation par batterie de certains dispositifs , et l’automatisation pose encore problème. Mais lorsque ces verrous technologiques auront sauté, les développements en matière de santé seront infinis.
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