La BBC a révélé que les frais de traduction pour les patients à l’hôpital de Nottingham s’étaient élevés à près de 500 000 livres (700 000 euros) les deux dernières années.
Ce montant a presque triplé depuis l’exercice 2008/2009, au cours duquel il représentait moins de 175 000 livres (240 000 euros). De nombreux autres établissements dans le pays connaissent des évolutions similaires : les coûts de traduction atteignaient 380 000 livres (525 000 euros) l’année dernière à l’hôpital universitaire de Leicester, 450 000 livres (620 000 euros) à Derby…
Trouver un interprète est parfois difficile. Cette situation peut s’avérer dangereuse. Des informations essentielles peuvent dans ce cas rester inconnues des équipes soignantes. « Le principal problème se pose dans les situations d’urgence », explique à la BBC le Dr Anneli Wynn-Davies, néonatologiste à l’hôpital de Nottingham : « Il faut alors traduire des questions de vie ou de mort avec la famille, de manière instantanée. »
Le média britannique rapporte l’exemple d’une jeune polonaise qui, pendant un accouchement prématuré au cours duquel on lui avait prédit une fausse-couche, a dû communiquer avec son obstétricien... via un logiciel de traduction. « J’étais tellement désespérée. C’était si dur pour moi », a-t-elle confié par la suite, soulagée d’avoir donné naissance à un bébé bien vivant.
Un marché en France avec les patients VIP ?
Si nos voisins anglais résolvent les problèmes de traduction à l’hôpital à coups de livres sterling, qu’en est-il dans les hôpitaux français ? La Fédération hospitalière de France (FHF) minimise l’ampleur du problème et estime que le brassage de populations est plus important outre-Manche, ce qui fait du cas britannique une exception.
Dans les grands CHU, toutefois, c’est un autre son de cloche. À l’AP-HP, on explique que la plupart du temps, la solution est trouvée en interne : la famille ou un membre du personnel parlant la langue du patient est mis à contribution. Relativement facile à faire quand il s’agit de traduire de l’arabe dialectal marocain, moins quand c’est du pachtoune… Au CHU de Lille, on reconnaît demander l’aide à des sociétés de traduction. Impossible toutefois d’obtenir auprès de la direction le budget dédié à ces dépenses…
L’organisation de la traduction est appelée à s’institutionnaliser dans les hôpitaux français. Elle va en effet se poser de plus en plus avec le développement de l’accueil de patients étrangers fortunés, auquel appellent les récents rapports de France Stratégie et de l’économiste Jean de Kervasdoué.
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