DE NOTRE CORRESPONDANT
L’INITIATIVE n’est pas banale. Là où des couples infertiles sont généralement à l’origine d’associations venant en aide à d’autres couples, des professionnels de santé nantais ont créé eux-mêmes Amphore*, une association d’accompagnement et de soutien. Manière de « prolonger » le travail effectué dans les services, selon le Dr Miguel Jean, chef de service du Centre d’assistance médicale à la procréation du CHU de Nantes, actif au sein d’Amphore. Moyen d’« apporter ce soutien psychologique réclamé très souvent par les couples au moment de l’annonce du diagnostic, au cours des traitements médicaux et en cas d’arrêt de la prise en charge médicale », précise Sylvie Bunford, sage-femme à la retraite, fondatrice et présidente d’Amphore.
En 2001, au moment de la création de l’association, un constat lucide est dressé par l’équipe du centre d’AMP du CHU : « Nous n’avions pas la disponibilité suffisante pour aller sur le versant humain, explique le Dr Miguel Jean. Nous nous concentrions déjà sur les aspects médicaux sur lesquels nous avions beaucoup à faire. » Alors, devant l’affluence grandissante enregistrée au centre et cette demande d’écoute exprimée par les patients, un petit groupe se constitue autour de Sylvie Bunford, toute jeune retraitée. L’intérêt des médecins spécialistes du CHU et du secteur privé conforte l’idée.
Liberté de ton.
Aujourd’hui, six « écoutants » assurent une permanence téléphonique et physique en direction des couples confrontés à l’infertilité. Une antenne s’est ouverte à Rennes en 2009 et est animée par deux bénévoles**. Un médecin, trois sages-femmes, une infirmière cadre, une infirmière anesthésiste et deux aides-soignantes, tous retraités, forment les deux équipes d’accueil. Une réelle richesse pour le Dr Miguel Jean : « Les professionnels ont une liberté de ton qu’on peut ne pas retrouver dans certaines associations. Si les bénévoles ont vécu eux-mêmes une telle expérience, ils peuvent avoir une certaine réticence à poser certaines questions au cours de l’entretien avec un couple… »
Formés à l’écoute, bons connaisseurs du sujet, généralement pour avoir travaillé auprès de ce type de patients, les bénévoles et ex-professionnels sont aussi, pour la présidente d’Amphore, les bons interlocuteurs : « Nous avons le vocabulaire spécifique que les patients maîtrisent, nous connaissons les traitements dont ils sont très au fait… C’est important quand ils ont le sentiment de ne pas être compris. Mais, nous ne sommes là ni pour nous substituer au médecin, ni pour "pleurer" avec les couples. »
Cet équilibre relationnel à bâtir, l’équipe d’Amphore y est d’autant plus attentive que les personnes qui sollicitent l’association « n’en peuvent plus », selon Sylvie Bunford. « Beaucoup de patients vont sur Internet et fréquentent les forums, explique-t-elle. On les retrouve souvent "cassés" par ce qu’ils y lisent. Ils en ressortent souvent chargés des problèmes des autres couples. Nous, nous leur offrons d’abord un cadre très différent, par exemple les soirées débats au cours desquelles ils vont souvent poser des questions qu’ils n’osent pas poser à l’intérieur du cabinet. »
Le fait d’avoir devant eux des psychologues, endocrinologues ou des biologistes venus bénévolement répondre à leurs interrogations, sur des thèmes demandés par les couples, est également très sécurisant. Et, quand des échanges directs entre couples sont organisés dans des groupes de paroles, les témoignages se racontent en présence d’une psychologue au fait des problématiques de l’AMP et de deux bénévoles. Pas sans filet, ni médiation comme sur Internet.
** Il faut lire en réalité AMPhore. Site Internet : www.amphore.fr.
** La prochaine journée d’information d’Amphore aura lieu à Rennes le 16 octobre, toujours en présence de médecins.
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