« EN CAS de pandémie majeure, les six laboratoires P4 qui existent actuellement en Europe seraient insuffisants pour répondre aux besoins de santé publique. » Ce sont les propos tenus par Hervé Raoul, directeur du P4 INSERM-Jean Mérieux à Lyon à l’occasion d’une visite exceptionnelle du laboratoire le2 juin.
À quelques jours des élections européennes et face au virus A(H1N1) qui a fait l’actualité de ces dernières semaines, Hervé Raoul a jugé important de faire savoir qu’il fallait « augmenter les capacités de lutte » en Europe. Certes, en cas de pandémie, le P4 à Lyon fonctionnerait à plein régime. « Lorsque l’on dit que nous ne serions pas en capacité de répondre cela signifie pour nous : sans arrêter les autres recherches, précise Hervé Raoul. Or, il est important pour un laboratoire comme le nôtre de pouvoir répondre aux nouvelles demandes tout en poursuivant les autres programmes. »
Les agents pathogènes de classe 4 sont constitués de virus au très fort pouvoir pathogène (Ebola, Lassa, Marburg…), s’accompagnant d’un taux élevé de mortalité, pour lesquels il n’existe ni vaccins ou traitements efficaces et se caractérisant par une transmission interhumaine intense. Aujourd’hui, le P4 INSERM-Jean-Mérieux est le plus grand laboratoire de haute sécurité niveau P4 en Europe, seul habilité en France à recevoir des prélèvements en cas d’infection par un agent de classe 4. Situé au dernier étage d'un bâtiment qui héberge également les laboratoires d'analyses médicales Biomnis, au cur du quartier de Gerland à Lyon, il reste dans tous les esprits « l’uvre de Charles Mérieux ». En janvier 2004, la Fondation Mérieux a néanmoins transféré à l’INSERM la totale responsabilité du fonctionnement technique du P4 et des activités scientifiques qui y sont conduites.
Quatre autres P4.
C’est d’ailleurs sous l’impulsion de l’INSERM que 10 infrastructures européennes de recherche dans le domaine de la biologie et des sciences biomédicales ont été mises en chantier, dans le cadre du groupe de réflexion stratégique européen, et plus particulièrement le réseau européen d’infrastructures de recherche clinique (ECRIN) et le projet EHSL4. Concernant ce dernier, la feuille de route rédigée en décembre 2008 prévoit de construire 4 autres laboratoires P4 en Europe. « Ces structures, dont l’activité doit apporter des réponses concrètes aux questions de protection de la population, de diagnostic et de traitement des personnes infectées, devraient avoir un statut et un plan de financement dès 2012 », a précisé le directeur du P4 à Lyon, qui sera à la tête de ce réseau.
À Lyon, le P4, qui fonctionne avec un budget annuel de 1,5 millions d’euros, hors salaire, a la particularité de proposer ses services aux Académies comme au secteur privé, pour 30 % de son activité. Dans le cas de la grippe A(H1N1) qui a émergé en avril 2009, la situation n’exigerait pas que le P4 mette en place des tests de diagnostic. Cependant, dans l’hypothèse où ce virus deviendrait plus virulent, « des programmes permettant de mieux comprendre la manière dont il pourrait dériver, vont être conduits », a affirmé Hervé Raoul.
› CAROLINE FAESCH
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