Les personnes handicapées, et surtout les femmes, sont plus souvent victimes de violences physiques, sexuelles et verbales que le reste de la population. Ce triste constat est dressé par l’enquête « Cadre de vie et sécurité » de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, ministère de la Santé) parue le 21 juillet.
Selon cette étude (données de l’Insee et du ministère de l’Intérieur), entre 2011 et 2018, les personnes handicapées sont 7,3 % à déclarer avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles au cours des deux années précédant l’enquête (contre 5,1 % dans la population générale). Cette proportion monte à 9 % quand la personne handicapée est une femme (contre 5,8 % des femmes sans handicap), dont 4 % correspondent à des violences sexuelles (contre 1,7 %).
Des violences jusqu’ici peu visibles
« Ce constat n’est pas surprenant, nous le faisons depuis des années, mais je suis ravie qu’il soit posé officiellement, commente pour « Le Quotidien » Pascale Ribes, administratrice de l’association APF France Handicap. Les femmes handicapées vivent une double vulnérabilité, liée au genre et au handicap. Elles sont oubliées des politiques publiques car elles ne sont pas visibles. »
L’étude de la DREES met en évidence que « le handicap fait partie des caractéristiques – avec la situation familiale ou l’âge – qui influent le plus la probabilité d’avoir subi des violences physiques, sexuelles et verbales » : « Si les personnes en situation de handicap avaient la même structure sociodémographique que le reste de la population, elles pourraient avoir une probabilité d’être victime encore plus élevée que ce que l’on observe dans les données brutes. »
Pour Pascale Ribes, ces données révèlent l’ampleur des discriminations vécues par les personnes handicapées. « Les violences subies sont de tout ordre : physique, verbale, psychologique, mais aussi économique. Le problème est systémique : c’est un continuum de discriminations qui conduit à des violences. La réponse demande une approche multifactorielle. »
Autre spécificité, les violences subies par les personnes handicapées donnent lieu à des préjudices physiques et psychologiques plus importants. Par exemple, 62 % des victimes handicapées rapportent des violences « importantes » ou « assez importantes », contre 47 % dans la population générale. Elles sont également plus nombreuses à « avoir présenté une ou plusieurs fractures ou blessures physiques visibles et à avoir été examinées par un médecin ou à avoir été hospitalisées à la suite de l’agression ».
Une parole « déconsidérée »
Ces atteintes physiques ou verbales se produisent par ailleurs plus souvent à domicile, à proximité du lieu de vie, voire dans une structure médico-sociale que pour les personnes non handicapées. Dans 17 % des cas, les faits se déroulent dans le logement (contre 8 %). Les victimes connaissent plus souvent leur agresseur (68 % contre 53 %, dans le cas des violences sexuelles, par exemple), qui est plus souvent une femme (27 % contre 22 %).
Face à ces atteintes, seul un quart des victimes handicapées se sont déplacées au commissariat ou à la gendarmerie après les faits, et près de la moitié des plaintes concernaient des violences physiques ou sexuelles. Parmi les plaintes déposées par des victimes majeures pour agressions sexuelles, un quart des faits ont eu lieu dans des établissements spécialisés et un autre quart en foyer. Concernant les plaintes pour viols, 27 % des faits ont eu lieu en établissement et 14 % en foyer.
« Pour les violences qui ont lieu dans les établissements, les victimes affrontent plusieurs difficultés : loi du silence dans un microcosme où tout se sait, peur des représailles, isolement des victimes, nécessité d’obtenir une autorisation pour sortir de l’établissement », souligne Pascale Ribes.
Dans ce contexte, les médecins ont un rôle à jouer, estime la représentante de l’APF. « Alors que leur parole est trop souvent déconsidérée voire disqualifiée, les personnes handicapées, et notamment les femmes, doivent être écoutées. Il faut croire les victimes et les accompagner », plaide-t-elle.
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