L’Agence de la biomédecine (ABM) lance aujourd’hui sa première campagne radio sur les dons de sperme et d’ovocytes, espérant recruter davantage de donneuses et de donneurs. Trois spots seront diffusés pendant 15 jours sur les antennes nationales, mettant en scène des conversations entre un donneur, ou une donneuse, et son entourage.
Un défaut d’information criant
En 2013, face aux 2 600 couples en attente de gamètes, la France n’a enregistré que 456 donneuses d’ovocytes et 268 donneurs de sperme. Or le pays aurait besoin de 900 donneuses et 300 donneurs pour être « autosuffisant » – c’est-à-dire pour que les couples infertiles français n’aillent pas chercher des donneurs à l’étranger, où la rémunération rend le don plus attractif.
Face à ces derniers chiffres, l’Agence a souligné « l’urgence » de renforcer l’information du public sur ces dons et sur leurs modalités pratiques. Et pour cause, selon un sondage réalisé en décembre dernier par l’agence Vivavoice, près d’un Français sur deux ignore qu’il est possible de donner ses ovocytes, et 1 sur 5 qu’on peut donner des spermatozoïdes en France pour aider les couples infertiles.
Élargir le don aux nullipares
Pour l’instant en France, les dons d’ovocytes sont possibles, anonymement et gratuitement, pour les femmes de 18 à 37 ans, et ceux de sperme pour les hommes de 18 à 45 ans, à condition qu’ils ou elles soient en bonne santé, et qu’ils aient eu au moins un enfant. La semaine dernière, à l’occasion des 10 ans de l’ABM, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, annonçait cependant que le décret d’application de la loi de bioéthique de 2011 élargissant le don de gamètes aux nullipares, serait soumis « prochainement » au Conseil d’État.
La ministre a également appelé au développement de l’innovation et de la recherche. Dans ce cadre, justement, une étude présentée par une équipe du CHU de Rennes, a montré que, grâce au processus récent de vitrification, une banque d’ovocytes a pu être mise en place au Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos) de Rennes, permettant une prise en charge optimale des patients, avec des résultats aussi bon qu’en ayant recours à des ovocytes frais, soulignaient les auteurs.
La gratuité, un pilier central
Le sujet de la rémunération des donneuses d’ovocytes a été temporairement remis sur le tapis en début d’année. En janvier 2015, alors qu’il recevait le prix Sala Baroux de l’Académie nationale de médecine, le Pr Antonio Pellicer, gynécologue obstétricien espagnol, fondateur de l’Institut d’infertilité de Valence, s’était livré à un plaidoyer en faveur de la rémunération des donneuses. Si certains, comme le professeur d’éthique médicale Emmanuel Hirsch, ont reconnu que le « sujet mérite réflexion », il n’est cependant pas à l’ordre du jour. Lors des journées de l’ABM, Marisol Touraine exprimait en effet son souhait « d’amplifier les efforts » pour développer le don de gamètes, tout en restant ferme sur les principes du modèle français : gratuité, volontariat, anonymat.
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