« LES PAYS BÉNÉFICIANT d'entreprises de biotechnologie performantes sont ceux dont la recherche fondamentale (universitaire) et appliquée (industrielle) fonctionnent en symbiose », affirme haut et fort Jacques Haiech.
Certes, la France est bien placée en matière de recherche en sciences du vivant : elle se hisse au 4e rang mondial. Mais elle n'a pas pour tradition - comme l'Angleterre ou l'Allemagne - de former ses cadres du privé et du public au sein des mêmes institutions.
Et c'est là que le bât blesse. Du moins, selon Jacques Haiech. « En matière de biotechnologies, la situation française n’est guère brillante. Pour améliorer la productivité de la recherche, les futurs cadres du public et du privé doivent pouvoir suivre les mêmes cursus. Cela leur permettrait de tisser des liens, durant leur études, qui se prolongent tout au long de leur carrière. Et faciliteraient, ainsi, le passage du public vers le privé et vice versa. »
Pour encourager les partenariats de recherche, la France a tout de même mis en place deux outils significatifs. En 1999, la loi Allègre a permis aux fonctionnaires - développant des brevets dont ils sont inventeurs ou co-inventeurs ou un savoir-faire - de créer une entreprise ou de faire du consulting. Mais c'est la création des pôles de compétitivité*, en 2005, qui a véritablement facilité les interactions public/privé d'un point de vue structurel.
Des pôles de compétitivité.
De fait, les huit pôles de compétitivité spécialisés dans le domaine de la santé et des biotechnologies redoublent d'efforts pour multiplier les partenariats de recherche avec le secteur académique. « La vague de création d'entreprise de biotechnologie, en 1999, a favorisé les partenariats public/privé. Beaucoup d’entre elles ont été créées par des chercheurs ayant conservé la culture des laboratoires dont ils sont issus. Par ailleurs, un certain nombre d'appels d'offres ont facilité ces partenariats d'un point de vue budgétaire. D'autres outils sont censés créer de la fluidité entre le public et le privé : les thèses financées par les régions, les thèses CIFRE », précise Jacques Haiech.
Les thèses CIFRE associent, en effet, trois partenaires autour d'un projet de recherche : un jeune doctorant, un laboratoire de recherche et une entreprise. Le doctorant, embauché en CDI ou CDD de 3 ans par l'entreprise, partage son temps entre celle-ci et son laboratoire. « La culture des thèses CIFRE ou régionales commence à rentrer dans les murs. Mais dans les biotechnologies, ces outils sont encore trop peu utilisés. Et le fait d'effectuer sa carrière en partie dans le privé, en partie dans le public reste mal vu. Les changements culturels ne se produisent pas du jour au lendemain », note Jacques Haiech. Pour améliorer la productivité de la recherche, une vraie politique universitaire - mettant l'accent sur le continuum entre recherche fondamentale et appliquée - s'impose. Par ailleurs, « les laboratoires pharmaceutiques ont développé différents types de liens avec les biotechs : participation au capital, alliance, collaboration, externalisation… Là encore, les pôles de compétitivité ont facilité ces partenariats », conclut, Jacques Haiech.
* Un pôle de compétitivité est sur un territoire donné, l’association d’entreprises, de centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou de) marché(s) donné(s). http://www.competitivite.gouv.fr/.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation