LANCÉ officiellement cet été, Clinatec est un centre de recherche unique au monde, dédié aux applications médicales des micro- et nanotechnologies. Le projet est né sous l’impulsion du Pr Alim-Louis Benabid, l’inventeur en 1987 de la technique de stimulation cérébrale profonde pour le traitement de la maladie de Parkinson. La vision du Professeur Beanbid, qui sera aussi le conseiller scientifique de Clinatec, part d’un dessein : agir pour améliorer l’efficacité des thérapies et du diagnostic et pour augmenter le confort des patients, en commençant par la neurologie et le handicap. Elle intègre des impératifs incontournables : être aussi peu invasif et agressif que possible, respecter les règles de la sécurité, obéir aux lois de l’éthique. Pour relever ce défi Clinatec se tourne vers des moyens… technologiques ! Situé à Grenoble, cet institut hautement compétitif, dont des clones se prépareraient ailleurs sur le globe, est développé par le CEA, en partenariat avec le CHU de Grenoble, l’INSERM et l’université Joseph Fourier.
À l’aide des tétraplégiques.
Pas étonnant, donc, de découvrir que les trois principaux axes de recherche actuellement retenus pour ce nouvel institut sont la neurostimulation, l’administration localisée des médicaments et le développement des neuroprothèses pour la suppléance fonctionnelle des déficits moteurs et sensoriels. Ambitieuse et enthousiaste, l’équipe de Clinatec vise une première mondiale dans la suppléance du handicap moteur lié à la tétraplégie. Pour commencer, elle se fixe comme objectif de redonner aux patients les trois degrés de mobilité nécessaires pour piloter une souris d’ordinateur et ainsi améliorer leur confort de vie. D’après le Pr Benabid, les premières étapes de cet objectif pourraient être atteintes en 2011-2012. À terme, Clinatec souhaiterait permettre au patient tétraplégique de se déplacer en pilotant par ordinateur un exosquelette motorisé.
D’autres projets tout aussi révolutionnaires pour les patients sont aussi en cours de discussion, notamment dans le domaine de la restitution de la vue, en collaboration avec le Pr Sahel, le directeur de l’Institut de la Vision. Cependant, l’équipe espère que les outils et technologies développés pourront aussi aider à résoudre d’autres défis médicaux et apporter des contributions notables dans le domaine des traitements des maladies chroniques, des biopsies délicates ou de la diminution de la toxicité de certains traitements, et que de nombreux projets « satellites » naîtront ainsi dans le giron de Clinatec.
Brassage des idées.
Malgré cette création officielle récente et un bâtiment dédié prévu pour 2011, selon une stratégie d’optimisation bien rodée au CEA, une préfiguration de Clinatec est déjà à l’uvre. Cinq projets sont en cours dans ces laboratoires actuellement disséminés : des outils pour le diagnostic moléculaire, des dispositifs innovants pour la thérapie (« Smart In Vivo » pour améliorer le traitement de la maladie de Parkinson et « Délivrance in Vivo » pour mieux cibler la délivrance des médicaments aux effets secondaires indésirables) et deux briques technologiques pour la suppléance fonctionnelle (« Neurolink » un enregistreur de l’activité neuronale in vivo et des chips « Neurocom »).
Afin de réussir ces avancées considérables, qui reposent sur une imbrication nouvelle entre l’homme et les machines, Clinatec compte s’appuyer sur la multidisciplinarité, en exploitant les compétences complémentaires des médecins, biologistes et ingénieurs. Au-delà d’un meilleur brassage des idées, mixité et proximité entre différents métiers devraient aussi permettre d’accélérer la mise à disposition de ces innovations pour les patients.
Globalement enthousiasmant, le projet Clinatec n’est pourtant pas au goût de tous. Accusée par certains de vouloir tester les nanotechnologies sur l’homme, l’équipe de Clinatec précise qu’elle a nulle intention de jouer aux apprentis sorciers. Il est vrai que le caractère innovant du projet pose des questions diverses, certaines légitimes et d’autres à caractère idéologique, mais les travaux de Clinatec se feront dans le cadre du code de la santé publique. Il n’y aura pas de précipitation, ni de passe-droits. « Tous les travaux sur l’homme obéiront aux règles de sécurité et se feront dans le respect absolu de l’éthique médicale, comme c’est la règle intangible pour tout projet de recherche biomédicale en France », souligne le Pr Benabid.
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