Une équipe de chercheurs est parvenue à identifier sur des lymphocytes T CD4 (LT CD4) un marqueur qui permet de distinguer les cellules-réservoirs du VIH des cellules saines. Les résultats publiés dans « Nature » sont une nouvelle étape vers l'élimination des virus latents qui sont un des freins au traitement curatif du VIH.
Le virus du VIH infecte les cellules exprimant CD4, comme les LT CD4 ou les macrophages, et entraîne leur destruction, dans la majorité des cas. Mais le VIH peut également se dissimuler dans des cellules CD4 non activées, « quiescentes », qui vont héberger silencieusement le virus. Ces cellules n’expriment pas de protéines virales. Ainsi caché, le VIH passe sous le radar du système immunitaire et des traitements antirétroviraux, parfois pendant plusieurs dizaines d’années. Ces cellules sont responsables de la persistance du virus, qui resurgira et se multipliera de nouveau en cas d’arrêt du traitement.
Un marqueur présent uniquement chez les LT CD4 quiescentes infectées
L'étude a été menée dans le cadre du programme stratégique de l'ANRS « Réservoirs du VIH » grâce à une collaboration entre le CNRS, l’Université de Montpellier, l’INSERM, l’Institut Pasteur, l’hôpital Henri-Mondor AP-HP de Créteil, l’hôpital Gui-de-Chauliac (CHU de Montpellier) et le VRI (Institut de recherche vaccinale).
Pour obtenir in vitro des cellules quiescentes, les chercheurs se sont appuyés sur leurs travaux précédents sur le facteur de restriction SAMHD1 qui rend la cellule réfractaire à l'infection, en inhibant la propagation du virus dans les cellules infectées.
Ils ont pu comparer les gènes exprimés par des LT CD4 quiescentes saines et des LT CD4 infectées ainsi générées. Les profils d’expression se sont avérés différents : 103 gènes sont surexprimés par les cellules porteuses du VIH, 16 d’entre eux codant pour des protéines transmembranaires (donc accessibles aux marquages). De ces 16 protéines, CD32a était la plus surexprimée par les LT CD4 quiescentes infectées, sans qu’elle le soit par des cellules saines.
L’équipe a pu observer une expression de CD32a après l’infection des LT CD4 quiescentes. De plus, quand ces LT CD4 CD32a ont été analysées, 90 % d’entre elles étaient infectées. Plus marquant encore, les cellules infectées « porteuses actives », avec production de virus, n’expriment pas ce CD32a.
Confirmation chez 12 patients
Ces résultats ont été confirmés sur les prélèvements sanguins de 12 patients infectés sous traitement antirétroviral. Les chercheurs ont pu identifier une sous-population de LT CD4 exprimant CD32a. Quasiment toutes étaient porteuses du VIH, et hébergeaient jusqu’à 3 copies d’ADN de VIH par cellules, confirmant l’utilisation possible de CD32a comme biomarqueur de ces cellules. La part de ces cellules s’élevait en moyenne à 50 % de la part totale de LT CD4 réservoir.
L’activation de LT CD4 infectés a bien induit une production de virus capables de réinfecter des cellules saines. En revanche, lorsque les LT CD4 avec CD32 étaient absents, les LT CD4 activés restant présentaient un retard important sur la production virale, ce qui confirme la part majeure de ces cellules portant CD32 dans le réservoir viral. La question de savoir si l’expression de CD32a à la surface de la cellule est induite par le virus, ou s’il s’agit d’une réponse cellulaire à l’infection virale reste ouverte. Mais « C’est un grand pas qui vient d’être fait, pour la première fois nous allons pouvoir intervenir directement sur des cellules réservoir, maintenant qu’on peut en identifier », se réjouit Gaël Petitjean, l’un des auteurs. « Ça pourra permettre de les étudier, d’obtenir leur profil complet, d’identifier d’autres marqueurs, voire d’espérer les cibler lors d’une thérapie rétrovirale. »
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