Un premier cas de réinfection Covid-19 a été confirmé aux États-Unis et décrit dans « The Lancet Infectious Diseases ». L'analyse des séquences génétiques du virus montre que les deux infections ont été causées par des variants distincts du SARS-CoV-2. « Une exposition antérieure au SARS-CoV-2 pourrait ne pas garantir une immunité totale dans tous les cas. Toutes les personnes, qu'elles aient déjà eu un diagnostic de Covid-19 ou non, doivent prendre des précautions identiques pour éviter l'infection », estiment les auteurs.
Fin août, le premier cas d'infection secondaire par le SARS-CoV-2 était décrit par une équipe de Hong Kong dans la revue « Clinical Infectious Diseases ». Selon les auteurs, trois autres cas ont aussi été décrits aux Pays-Bas, en Belgique et en Équateur.
Deux variants génétiques distincts
Il s'agit ici d'un homme de 25 ans vivant dans l'État du Nevada, testé positivement au SARS-CoV-2 par RT-PCR à deux reprises, à 48 jours d'intervalle : un premier test positif a été réalisé le 18 avril à l'occasion d'une campagne de dépistage communautaire, puis un deuxième a été réalisé à l'hôpital le 5 juin. À chaque fois, le patient présentait une infection symptomatique.
Un séquençage de nouvelle génération a été effectué sur le SARS-CoV-2 extrait à partir des écouvillons nasopharyngés du patient du 18 avril et du 5 juin et a mis en évidence des différences génétiques significatives entre le variant du SARS-CoV-2 ayant causé la première infection et celui ayant causé la deuxième, bien que les deux variants appartiennent au même clade viral (le 20C, prédominant dans le nord du Nevada au moment des prélèvements). Du fait de ces différences génétiques entre les deux variants, les auteurs estiment peu probables la possibilité d'une évolution in vivo du virus en un si court laps de temps et donc d'une réactivation virale (plutôt que d'une réinfection). Ainsi, « ces résultats suggèrent que le patient a été infecté par le SARS-CoV-2 à deux reprises par un virus génétiquement distinct », résument les auteurs.
Une infection secondaire plus sévère
Lors de la première infection, le patient - qui n'a pas rapporté d'antécédent médical particulier - a présenté divers symptômes (mal de gorge, toux, maux de tête, nausées et diarrhées) dès le 25 mars 2020. Entre le 27 avril et le 28 mai, le jeune homme ne présentait plus aucun symptôme et les deux tests RT-PCR réalisés au cours de cette période se sont révélés négatifs.
« Le 31 mai 2020, le patient s'est rendu dans un centre de soins d'urgence avec une fièvre, des maux de tête, des vertiges, une toux, des nausées et une diarrhée. Une radiographie pulmonaire a alors été effectuée et il a été renvoyé chez lui », racontent les auteurs. Le 5 juin, le patient a consulté un médecin de soins primaires pour essoufflement avant d'être admis le jour même à l'hôpital pour hypoxie, où il a reçu un apport continu en oxygène. La radiographie thoracique était évocatrice d'une pneumonie virale ou atypique. La sérologie réalisée le lendemain a mis en évidence la présence d'immunoglobulines G et M dirigées contre le SARS-CoV-2.
Chez ce patient, la deuxième infection était plus sévère que la première, comme ce fut le cas pour le patient d'Équateur. En revanche, pour les patients de Hong Kong, du Pays-Bas et de Belgique, les deux infections ne différaient pas en termes de sévérité des symptômes.
Implication pour le vaccin
Pour expliquer ce cas de réinfection plus grave, les auteurs avancent plusieurs hypothèses et estiment notamment qu' « il est possible que la réinfection ait été causée par une version du virus plus virulente, ou du moins plus virulente dans le contexte de ce patient ».
Pour les auteurs, ces cas de réinfection ont des implications en termes de vaccination. « Si nous avons rapporté un réel cas de réinfection, l'exposition initiale au SARS-CoV-2 pourrait ne pas aboutir à un niveau d'immunité qui protège à 100 % tous les individus. En ce qui concerne la vaccination, la compréhension de ce phénomène est établie, la grippe nous confrontant régulièrement aux défis d'une conception efficace des vaccins », soulignent les auteurs.
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