Une étude ANRS AERLI (Accompagnement et éducation aux risques liés à l’Injection), réalisée conjointement par l’association AIDES, Médecins du monde et l’INSERM U912 (Marseille), montre qu'un accompagnement communautaire et personnalisé améliore le dépistage du VHC chez les usagers de drogues injectables.
Les résultats de l'étude publiée dans « Plos One » surviennent au lendemain de l’annonce de la ministre de la Santé sur l’accès universel aux antiviraux à action directe contre le VHC. « L’enjeu reste de taille : atteindre ces populations afin de les inciter au dépistage », souligne l'ANRS.
Une prévalence de 64 %
En France, l’épidémie d’hépatite C (VHC) touche essentiellement les usagers de drogues par voie intraveineuse (UDVI) – avec une prévalence de 64 % dans cette population. Or si la France a été pionnière dans la mise en place des politiques de réduction des risques : échanges de seringues et programmes de substitution à la méthadone qui ont permis une baisse très importante de la transmission du VIH, celles-ci ont échoué à réduire le risque de transmission du VHC. « D'autres types d'intervention semblent nécessaires », suggèrent Perrine Roux (INSERM, Marseille) et coll. dans l'étude de « Plos One ».
La stratégie, « innovante », qu'ils ont évaluée consistait à proposer aux usagers de drogues des sessions individuelles d’accompagnement et d’éducation aux risques liés à l’injection. Les sessions, en face à face, étaient délivrées par des pairs, volontaires associatifs, formés selon un protocole standardisé comprenant : un temps d'observation directe où le volontaire regarde la façon dont l'usager s'injecte la drogue ; un temps d'analyse où le mode d'injection est analysé selon une grille préétablie visant à déterminer les principales erreurs ; un temps d'échanges avec l'usager de drogues réservé à l'éducation aux risques liés à l’injection et aux questions que se pose l'usager.
202 participants
Les participants recrutés dans 17 CAARUD (centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues), ont été répartis en 2 groupes : un groupe d'intervention comprenant 88 personnes (8 centres) ; un groupe témoin de 114 personnes (9 centres). Les usagers du groupe « intervention » devaient avoir suivi au moins une session au cours des 6 premiers mois. À l'inclusion, tous les participants ont été interrogés sur leurs pratiques à risque, le dépistage du VHC, une opération renouvelée à 6 puis à 12 mois. Une petite compensation financière leur était attribuée pour chaque questionnaire complété.
À l'inclusion 44 % des usagers de dogues dans le groupe d'intervention (51 % dans le groupe témoin) ont déclaré s'être fait dépisté dans les 6 mois précédant ; 33 % (34 % dans le groupe témoin) l'avait fait il y a plus de 6 mois ; 23 % (15 %) ne s'était jamais fait dépister. À la fin de l'étude, les personnes déclarant s'être fait dépisté dans les 6 mois précédents était de 85 % dans le groupe d'intervention et de 78 % dans le groupe témoin.
Un accès facilité
L'étude montre que le fait d'avoir bénéficié d'au moins une cession d'accompagnement et d'éducation favorise le dépistage (le pourcentage de personnes dépistées est passé de 44 à 85 % alors que, dans le groupe témoin, il passait de 51 à 78 %). L'étude retrouve également deux autres facteurs influençant le dépistage : le fait de bénéficier d'un programme de substitution à la buprénorphine (73 % des usagers bénéficiant d'un programme de substitution) favorise l'accès au dépistage, probablement parce que les usagers sont suivis par un médecin ; les usagers de crack, une population souvent marginalisée avec une forte prévalence de VIH ont, eux, un accès limité au dépistage.
Ces résultats « encourageants » doivent être confirmés dans une population encore plus marginalisée, les usagers de drogue ne se rendant pas dans les centres d’accueil, en allant directement à leur rencontre dans leurs lieux de vie. C'est le prochain objectif que s'est fixé l’ANRS (Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites.
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