En lançant l’Alliance internationale pour le capital cérébral, le 1er juillet dernier lors des Journées Neurosciences Psychiatrie Neurologie à Paris, des acteurs des disciplines (Fondation FondaMental, Human Brain Project et Ebrains) proposent une nouvelle approche à la fois scientifique et économique de la santé mentale.
Développé par le Dr Harris Eyre, psychiatre, le concept de capital cérébral est présenté dans plusieurs publications, et notamment dans « Neuron » et « Molecular Psychiatry ». La notion invite à une prise de conscience de la nécessité de « cerveaux en bonne santé, capables de résilience face aux traumatismes et aux crises, capables de créativité dans une économie axée sur l’innovation et la connaissance, mais aussi mieux pris en charge et plus tôt en cas de maladies neurodégénératives ou de maladies mentales », explique au « Quotidien » la Pr Marion Leboyer, directrice générale de FondaMental.
Le cerveau, ce « nouveau pétrole »
L’objectif de l’Alliance est de mobiliser les chercheurs, les industriels, les investisseurs, les décideurs et la société civile autour de ce concept, alors que la santé mentale est face à nombreux défis multifactoriels. Le coût des maladies mentales, estimé en France à 160 milliards d’euros par an, « a doublé en à peine dix ans, rappelle la Pr Leboyer. Et le Covid a encore accru le poids des maladies mentales, avec une augmentation de 30 % des troubles anxiodépressifs ».
Le défi est aussi celui de « la fréquence croissante des chocs climatiques et leurs séquelles sur la santé mentale produites par l'insécurité alimentaire, la migration et la guerre », ajoutent les promoteurs du concept dans « Neuron ». Les auteurs insistent également sur les enjeux d’une économie qui, privilégiant la créativité et les compétences intellectuelles, fait du cerveau le « nouveau pétrole ».
La nécessité de « préserver notre capital cérébral »
Ces défis sont autant « de facteurs à prendre en compte pour évaluer les moyens nécessaires à la préservation de ce capital cérébral », estime la Pr Leboyer. La psychiatrie reste le « parent pauvre de la recherche en France, alors même que les besoins d’innovation sont considérables pour améliorer la compréhension des maladies, pour développer des diagnostics de précision et des stratégies thérapeutiques plus ciblées », poursuit-elle. Au sein de l’Alliance, la directrice générale de FondaMental espère une prise de conscience des « efforts à faire et des actions à mener pour préserver notre capital cérébral » de la part des gouvernements, de la société civile et des industriels.
Dans « Neuron », les auteurs mettent notamment en avant trois initiatives qui permettraient de traduire et mettre en œuvre le concept : prendre en compte le capital cérébral dans toutes les politiques, élaborer un plan d'investissement complet pour soutenir le capital cérébral et générer un indice du capital cérébral mobilisable pour évaluer une société au même titre que le PIB ou le taux de chômage.
Présent lors du lancement de l’Alliance, Clément Beaune, alors ministre délégué chargé de l’Europe, a salué une « initiative indispensable pour les économies de la connaissance qui sont les nôtres », tout en rappelant que « la recherche sur le cerveau est une priorité française et européenne ».
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