Une nouvelle famille d’antalgiques par anticorps anti-NGF (nerve growth factor) fait son apparition. Deux biothérapies anti-NGF sont en développement, le fasinumab (Regeneron) et le tanezumab (Pfizer). En phase II, elles ont fait preuve d’efficacité chez des patients en échec d’antalgiques anti-inflammatoires. L’administration en sous-cutanée, à raison d’injections espacées de plusieurs semaines, laisse espérer une bonne observance. Sur le plan de la tolérance, des effets secondaires mineurs ont été réversibles à l’arrêt du traitement (paresthésie des extrémités, syndrome du canal carpien). En revanche, un effet indésirable grave a été signalé, de type arthrose destructrice accélérée, en général au niveau de l’articulation cible (de 1 à 3 % patients-années selon la dose). « Des éléments montrent aujourd’hui qu’on peut limiter fortement ce risque d’arthrose destructrice en contre-indiquant l’association d’anti-NGF et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. La balance bénéfice-risque devra être évaluée, le risque d’arthrose destructrice accélérée pouvant être accepté en cas de douleurs invalidantes et intenses réfractaires », affirme le Pr Francis Berenbaum (Paris). La commercialisation est attendue pour 2020, si les essais de phase III en cours confirment les précédentes études.
Des pistes de traitements de fond
Une biothérapie par sprifermine peut ralentir la destruction cartilagineuse dans l’arthrose. Ce facteur de croissance est injecté en intra-articulaire, à un rythme restant à définir (3 injections à 1 semaine d’intervalle tous les 6 mois à 1 an). Selon le Pr Berenbaum, « les études laissent présager un traitement intéressant, à suivre de près. Elles objectivent un ralentissement de la destruction du cartilage en IRM vs placebo, mais sans effet antalgique à court terme. Mais l’effet espéré est une meilleure fonction à long terme, non un effet antalgique à court terme ».
Insérer encadré à ce niveau
Le graal : la thérapie cellulaire
Un essai européen, ADIPOA-2, est en cours. Il est coordonné par le Pr Christian Jorgensen à Montpellier, trois centres français y participant (Toulouse, Montpellier, Paris Saint-Antoine). Du tissu adipeux est prélevé au niveau abdominal et adressé à l’Établissement français du sang, qui en extrait des cellules souches mésenchymateuses. Celles-ci sont injectées en intra-articulaire pour libérer des substances anti-inflammatoires et chondroprotectrices. « En phase I (essai ADIPOA-1), la tolérance était bonne. L’étude ADIPOA-2, essai d’efficacité évaluant deux doses différentes de cellules souches contre placebo (3 groupes de 50 patients chacun), doit se terminer en 2019 », précise le Pr Berenbaum.
À plus long terme, après l’échec des anti-IL1 et anti-TNF, un essai d’un anti-IL6 (tocilizumab) est en cours d’inclusion dans l’arthrose des mains, une localisation moins souvent objet d’études cliniques. Cet essai, financé par un Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) auquel Saint-Antoine participe, est coordonné par le Pr Pascal Richette à Lariboisière (Paris).
« Ces pistes, si intéressantes soient-elles, ne doivent pas faire négliger la prévention primaire, mesure actuellement la plus efficace », tient à souligner le Pr Berenbaum, invitant à se référer à l’intéressante étude d’Ian J. Wallace et al. (1).
D’après un entretien avec le Pr Francis Berenbaum
(1) Wallace I. A., Worthington S., Felson D. T., « Knee osteoarthritis has doubled in prevalence since the mid-20th century »,
PNAS, vol. 114, no 35, août 2017, p. 9332-9336
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