ON NE S’AVENTURERA PAS dans cette voie. Ce qui est certain, c’est que M. Sarkozy a réussi à arrêter dans leur course à la fois Marine Le Pen, qui stagne à 16 %, et François Bayrou, qui ne dépasse pas 11 % dans le sondage Ifop. Sont donc confirmés l’absence de match à quatre et l’ordre d’arrivée au premier tour. Ni la candidate du Front national, en dépit de ses multiples moulinets, ni celui du MoDem, malgré son assurance, ne sont jusqu’à présent en mesure se ravir la deuxième place au premier tour. La concentration des intentions de vote autour de MM. Sarkozy et Hollande est en outre renforcée par le piètre score des candidats marginaux : seul Jean-Luc Mélenchon se taille la part du lion, avec 8 ou 9 % des intentions de vote. Eva Joly ne dépasse pas les 3 %. Dominique de Villepin est au-dessous de 2 %. Les autres candidats sont pratiquement inexistants. Première leçon : la percée de M. Mélenchon ne réduit pas d’un iota la dynamique de François Hollande. Deuxième leçon : les écologistes n’auraient pas dû participer à la campagne ou désigner un autre candidat.
Coups fourrés.
La ligne plate des enquêtes d’opinion, semaine après semaine, contraste avec la virulence des propos, la multiplicité des coups fourrés qui jalonnent la campagne, et les inventions programmatiques. Sans doute parce qu’elle ne croit plus à sa qualification pour le second tour, Marine Le Pen vient de lancer un énorme bobard en affirmant que toute la viande que l’on mange en Île-de-France est systématiquement produite selon les critères religieux musulmans, ce que les producteurs ont immédiatement démenti, chiffres à l’appui. Réaction de Marine : on nous ment. L’accusation de mensonge, déjà lancée par M. Sarkozy à M. Hollande, est l’instrument électoral le mieux partagé. Le bon peuple, que le candidat de la droite sollicite à chaque instant, risque d’en tirer la conclusion que toute la classe politique lui raconte des sornettes, ce qui, en l’état des choses, serait moins démagogie que lucidité.
ON S’ATTACHE PLUS À DISCRÉDITER L’ADVERSAIRE QU’À PRÉSENTER UN PLAN DE SORTIE DE CRISE
Ni M. Sarkozy ni M. Hollande ne nous disent comment ils vont redresser les comptes du pays ; ce devrait être, pourtant, l’objectif primordial du prochain président. M. Hollande s’en tient à ses propositions de départ qui présentent tout de même le sérieux inconvénient qu’elles ne contribueront pas au retour de l’équilibre budgétaire. M. Sarkozy, lui, parle d’autre chose, de référendums par exemple, ou des contradictions qu’il trouve sans effort dans les propos de son principal adversaire. Qui le lui rend bien en laissant ses officines monter un scandale de toutes pièces au sujet de la présidence de Véolia, pour laquelle Jean-Louis Borloo aurait été pressenti par le patron d’EDF, Henri Proglio. Scandale ! crie le PS, dont l’indignation est au moins aussi prompte que convenue. Certes, il n’y a pas de fumée sans feu. Tout le monde a démenti, y compris le président sortant, ce qui n’a pas suffi à faire baisser la tension. Mais enfin, il est étrange que M. Borloo se contente d’un poste dans l’industrie, lui qui, naguère, se voyait déjà Premier ministre (et pourrait être le prochain chef de gouvernement si, par miracle, le mandat du chef de l’État était reconduit). Quant à M. Proglio, qui a été récemment promu à la tête d’EDF par M. Sarkozy, on imagine que la perspective d’une défaite de son mentor le tracasse et qu’il esssaie de placer des amis autour de lui pour garder son job après une éventuelle transition. Stratagème dérisoire, si l’on tient compte de ce que dit M Hollande : il a annoncé que, en cas de victoire, il procèderait à une purge dans la haute fonction publique, et aussi, on suppose, dans les sociétés où l’État est actionnaire. C’est méchant, mais c’est ce que fait tout nouveau président.
Ainsi va la campagne dont on pourra toujours dire qu’elle n’est pas plus perverse que les précédentes, que l’on y fait des promesses que l’on ne tiendra pas, que l’on y prononce des mots que l’on ne pense pas, ou que l’on s’y attache plus à discréditer l’adversaire qu’à présenter un plan convaincant pour protéger la France (ah ! la France, soudain si chère aux candidats qui en répètent le nom jusqu’à saturation) contre la tourmente planétaire.
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