On peut discuter à l'infini de la décision de François Fillon de maintenir sa candidature malgré les poursuites judiciaires dont il fait l'objet. Son rejet total d'un plan B lui a néanmoins conféré une responsabilité, celle de se refaire une santé politique afin de continuer à représenter l'alternance, naguère inscrite dans les tables de la loi politique comme une certitude. Or le temps passe et M. Fillon ne prend pas le chemin de la reconquête. Son message est constamment pollué par des manifestations organisées par la gauche et dont il rend le pouvoir responsable, de la même manière qu'il reproche à la justice d'hypothéquer sa candidature avec des accents comparables à ceux de Marine Le Pen qui, elle, refuse même de se rendre aux convocations des juges. Ce partenariat dans l'adversité est du plus mauvais effet. La droite républicaine n'a rien en commun avec l'extrême droite. Elle a même pour devoir de combattre celle-ci et surtout de la vaincre.
Paris dans une bouteille
L'ancien Premier ministre a fait le pari que ses démêlés judiciaires ne l'empêcheraient pas de poursuivre sa campagne jusqu'à être qualifié pour le second tour. Il n'était pas loin de le prouver en conservant un socle de 20 % des suffrages qui ne se réduit pas. Il n'empêche que M. Macron bénéficie maintenant d'intentions de vote de citoyens qui viennent non seulement de la gauche mais de la droite aussi. M. Fillon ne peut pas dire pour autant que, si Macron n'existait pas, tout irait bien pour lui. Le tableau politique est celui qu'ont dressé les candidatures, les discours de campagne, les questions relevant de la justice, les rapprochements et les querelles, les invectives et les louanges. C'est un fait et il est inutile de mentionner des hypothèses qui n'ont plus cours, de mettre, avec des si, Paris dans une bouteille. À sept semaines et demi du premier tour de scrutin présidentiel, la question, lancinante, demeure : M. Fillon devait-il, oui ou non, céder la place à un autre candidat de son camp ?
Si c'est non, les Républicains doivent passer à l'offensive. M. Fillon doit se concentrer sur son programme. Il ne lui est pas difficile, d'ailleurs, de montrer que celui d'Emmanuel Macron est plus timide que le sien et que la France a besoin non seulement d'un président politiquement fort mais d'une perspective de changement profond. Il est clair que la grande question de 2017 porte essentiellement sur deux domaines : la création massive d'emplois et le redressement des comptes sans lequel nous courons à la faillite. On peut craindre que la thérapie de M. Macron, qui tient à se faire des amis partout, soit de ce point de vue trop écartelée entre ses soutiens de gauche et ses soutiens de droite, ce qui la rend peut-être inopérante. C'est cette carte que M. Fillon doit jouer, étant entendu que le fulgurant M. Macron devient, pour tous les autres, l'homme à abattre, bien qu'il ne mérite aucune haine et surtout qu'il présente l'immense avantage d'apporter une alternative crédible au Front national si M. Fillon continue à s'affaiblir. A tel point qu'il parle aujourd'hui d'éliminer Mme Le Pen dès le premier tour.
Car quelqu'un doit faire le travail. Ce ne peut pas être la gauche, divisée, et dont les candidats multiples feront des scores insuffisants qui ne suffiront pas, évidemment, pour en qualifier un seul. Les Républicains souhaitaient écarter Mme Le Pen du pouvoir et démontrer aux Français, peuple de gauche compris, qu'une gestion est possible qui crée enfin des emplois et sorte le pays de l'ornière où il est enfoncé depuis cinq ans (ou dix, car Nicolas Sarkozy n'a pas non plus lutté efficacement contre le chômage, pas plus qu'il n'a équilibré notre budget). M. Fillon apparaissait comme l'homme de la situation. Sa défaillance donne des ailes à Mme Le Pen. De sorte que la tâche la plus urgente est de faire en sorte qu'elle soit battue. Et s'il ne reste que M. Macron pour le faire ...
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