Science, recherche et bioéthique

Sarkozy et Hollande s’affrontent dans « Nature »

Publié le 20/04/2012
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Crédit photo : S. Toubon

« Comme lors de mon premier mandat, l’enseignement supérieur et la recherche seront des priorités pour mon second mandat si les Français me font confiance », déclare Nicolas Sarkozy qui défend le bilan de sa réforme de l’université et du financement de la recherche. « La loi sur l’autonomie des universités, votée et promulguée en 2007, fut la principale réforme dans ce secteur pendant mon premier mandat. Les moyens accordés aux universités ont augmenté de 22 % en moyenne depuis 2007. Ils sont accompagnés d’un plan de 5 milliards d’euros en capital pour rénover les campus universitaires », précise-t-il avant d’ajouter que cettepolitique « fait largement consensus ». Ce à quoi François Hollande répond : « La loi... doit être profondément réformée » même s’il ne s’agit pas « de revenir sur le principe d’autonomie » mais d’instaurer « une gouvernance plus collégiale et plus démocratique ».

À propos des initiatives d’excellence accusées de créer un système à deux vitesses, Nicolas Sarkozy soutient que pour avoir « des champions de classe mondiale pour la recherche, nous devons concentrer les moyens sur les sites où la recherche est du meilleur niveau ». Pour mieux préciser sa pensée, il use de la métaphore sportive : « Vous savez, je suis un grand amateur de courses cyclistes et j’adore notamment suivre chaque été le Tour de France. On n’a jamais vu le peloton accélérer parce que les derniers allaient plus vite. Le peloton accélère lorsque ce sont les leaders qui accélèrent. Eh bien, je pense que les Investissements d’Avenir (NDLR : crédits du grand emprunt pour la recherche) parce qu’ils récompensent les meilleurs, vont promouvoir tout le système de recherche et d’enseignement supérieur français. » François Hollande, lui, considère que la notion d’excellence a été « dévoyée » et qu’il faut lui « redonner un sens noble ». Il estime que les Investissement d’avenir « ont aggravé les disparités et les déséquilibres. La France de la recherche, ce n’est pas seulement Paris, Bordeaux, Toulouse, Aix, Marseille et Strasbourg ». S’il n’a pas l’intention de renier « la parole de l’État », il demandera, après un audit, « de corriger les inégalités territoriales » dans le cadre des crédits non affectés.

Le chantier de la recherche.

Aux chercheurs qui reprochent aujourd’hui un excès de bureaucratie, Nicolas Sarkozy met en avant son volontarisme : « Croyez-vous que le système français était optimal il y a 5 ans ? Était-il parfaitement adapté à la compétition pour la société de la connaissance ?... Était-il concevable de rester les bras croisés, comme tant de mes prédécesseurs ? Et de se contenter de notre impuissance à réformer ? » Mais il reconnaît que la recherche est en pleine reconstruction et qu’elle doit essuyer les plâtres de cette évolution. Là encore, il se sert d’une métaphore : « Comme sur un grand chantier de construction, vous avez des échafaudages, des bâches, des dispositifs, encore provisoires... Lorsque le chantier avance, les échafaudages sont démontés, les bâches enlevées et le nouveau bâtiment apparaît. Il en sera ainsi des universités et de la recherche en France ». Le candidat socialiste pointe « l’accumulation de nouvelles structures » qui rend le paysage « illisible ». Son souhait ? « Que les chercheurs puissent se consacrer à leurs recherches, plutôt que de devenir "chercheurs de crédits" ou évaluateurs à mi-temps ». D’un point de vue général, il estime que « la France est à la traîne » et qu’en réalité « la confiance s’est rompue entre les acteurs de la recherche et le pouvoir ». Son premier objectif : « redonner confiance aux chercheurs et aux enseignants-chercheurs ».

Sur la loi de bioéthique et les recherches sur les cellules souches embryonnaires, le chef de l’État, précise : « Aucun projet sérieux n’a été rejeté. Il est faux de prétendre que notre dispositif législatif freine l’essor des connaissances. C’est de la propagande pure et simple. Je considère au contraire que la loi est équilibrée et a l’avantage d’être bien acceptée de l’immense majorité des Français, ce qui est indispensable. » Pour François Hollande, ce n’est pas suffisant : « J’autoriserai la recherche sur les cellules souches pour clarifier une situation dans laquelle, la loi bioéthique de 2011 maintient l’interdiction de recherche tout en accordant de larges dérogations à ce principe. Il convient donc de mettre fin à cette forme d’hypocrisie. »

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr