LES PRIMAIRES socialistes seront-elles respectées ? Rien n’est moins sûr. Dominique Strauss-Kahn venait à peine de rentrer à Washington qu’une rumeur circulait dans tout Paris, mardi dernier, sur le désistement de Martine Aubry. C’est des « conneries », a-t-elle riposté de sa manière lapidaire, mais l’idée de son retrait n’est pas incohérente. La preuve en est que les médias ont pris très au sérieux la rumeur en affirmant, à plusieurs reprises, que Mme Aubry n’avait aucune envie d’être investie par son parti, qu’elle avait un accord pour que DSK soit sacré par les primaires et qu’elle est hostile à toutes les autres candidatures. Il n’est pas impossible non plus qu’un ami de DSK ait lancé le bruit pour accélérer la montée en puissance de l’ancien ministre, même si chacun sait que DSK n’est pas pressé. Enfin, ce qui gêne Martine Aubry, c’est moins qu’on lance la nouvelle, vraie ou fausse, de son retrait, c’est qu’on la lance trop tôt par rapport à la stratégie de conquête du pouvoir qu’elle a mise au point avec M. Strauss-Kahn.
La gauche est compliquée.
Problème : la gauche est (très) compliquée. Voilà maintenant que Jean-Pierre Chevènement, non content d’avoir contribué à l’élimination de Lionel Jospin le 21 avril 2002, a l’intention de se présenter en 2012 également. Ce qui priverait le (ou la) candidat(e) socialiste d’un petit pourcentage de voix, pour autant que les Français se souviennent encore de M. Chevènement. Avec Jean-Luc Mélenchon et les candidats de l’écologie et de l’extrême gauche, on va autant se bousculer à gauche qu’à droite, ce qui favorisera objectivement Nicolas Sarkozy. Il est vrai, cependant, que DSK a une certaine qualité œcuménique et, pour le faire triompher, les électeurs hésiteront à lui préférer un candidat plus marginal. Mais un tel raisonnement devrait également jouer à droite. Où, ne l’oublions pas, M. Sarkozy devra compter avec les candidatures de Jean-Louis Borloo, peut-être d’Hervé Morin, de François Bayrou et de Dominique de Villepin, s’il sort indemne du procès en appel de l’affaire Clearstream.
POUR SARKOZY, C’EST MOINS UNE CAMPAGNE QU’UNE OFFENSIVE MILITAIRE
Bref, l’électeur n’aura que l’embarras du choix, d’autant ques écologistes vont s’ingénier à nous présenter leur propre candidat(e) , qu’il s’agisse de Nicolas Hulot ou d’Éva Joly. Si ce manège de personnages ne donne pas le tournis, ce ne peut être que grâce à une décantation qui en limiterait le nombre. Soit par l’effet des primaires (mais, à voir comment Aubry et DSK pilotent le PS, on se demande à quoi elles peuvent bien servir), soit parce que M. Sarkozy, qui dispose de tous les moyens possibles, budgétaires ou politiques, pour surfer sur la vague électorale, aura réussi à convaincre ses concurrents de l’inanité de leur démarche.
Òn n’en est pas là. Premier constat : l’expérience ne sert à rien. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on est en droit, pour le moment, d’affirmer que la parcellisation de l’électorat, soumis aux forces centrifuges des multiples candidatures, fait peser le danger d’un 21 avril-bis à droite comme à gauche. Deuxième constat : Nicolas Sarkozy n’a pas fait irruption dans la campagne, il y est déjà depuis plusieurs semaines ; on assiste soudain, dans son camp, à un déploiement de forces ahurissant, présence sur le terrain, bombardement médiatique sur le bilan, sollicitations (jusqu’à l’indécence) du vote d’extrême droite. Ce n’est plus une campagne, c’est une offensive militaire. Troisième constat : les primaires socialistes n’ont de sens que si elles augmentent la qualité démocratique des élections ; si elles sont manipulées pour favoriser DSK, les socialistes feront mieux de s’en passer.
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