C’est un des chantiers auquel va devoir s’atteler en priorité le nouveau ministre de la Santé, puisque la prévention figure pour la première fois en toutes lettres dans les attributions d’un locataire de l’avenue de Ségur. Un intitulé qui place l'urgentiste face à une quasi-obligation de résultat sur ce versant de l’action sanitaire. À vrai dire, en 2017, Macron en avait déjà fait un de ses chevaux de bataille, promettant « la révolution de la prévention ». Et d'ailleurs, certaines avancées sont à mettre au crédit du précédent quinquennat en matière de vaccination, de santé sexuelle, de lutte contre le tabac ou de promotion de l’activité physique.
Pourtant, le constat des experts reste sans appel : la France est en retard sur la plupart de ses voisins du Vieux continent. Manque de moyens budgétaires, formation inadaptée des soignants, problèmes de gouvernance, poids des lobbies, faible conscientisation et mauvaises habitudes des Français sont souvent invoqués pour expliquer les ratés du modèle hexagonal, si tant est qu’on puisse parler de « modèle ». Les exemples de nos insuffisances sont nombreux, en matière de dépistage, mais aussi d’apprentissage des gestes de premiers secours. À l’occasion de la Journée mondiale qui leur était consacrée, la Croix-Rouge rappelait ainsi, la semaine dernière, que seuls 40 % des Français y étaient formés. Le sujet illustre le manque de volonté des pouvoirs publics. Et parfois, c’est l’ambiguïté de nos dirigeants qu’il faut pointer : résistance de l’Élysée face au Dry January, empressement de la Place Beauvau pour assouplir le permis à points…
Pas facile pour un ministre de la Santé de se faire entendre sur la lutte contre l’alcoolisme ou l’élimination des nitrites dans la charcuterie. François Braun devra lui aussi batailler ferme contre les lobbies pour s’imposer. Et on lui souhaite plus de chances que ses prédécesseurs, si souvent échaudés par des arbitrages en haut lieu. Lors de l’interview de rentrée qu’il a accordée au « Quotidien », il s’est pour l'heure montré volontariste. Il veut profiter des prochains Jeux Olympiques pour imposer l'alliance du sport et de la santé. Il présente les trois consultations prévention promises par Macron comme sa priorité. Et il se fait fort de mettre en place sans tarder une campagne de promotion de la vaccination contre le papillomavirus et le dépistage de la drépanocytose. Sa visite la semaine passée à la plateforme Nightline, qui écoute les étudiants en détresse est un signal positif. Et l'arrivée à son cabinet de Pauline Martinot, médecin, spécialiste de la santé des jeunes, en est un autre. On jugera sur pièces des avancées obtenues pour la santé publique sous ce quinquennat. Mais en la matière, le bilan ne peut être effectué que sur le long terme. Et le risque pour un ministre de la Santé est évidemment de se laisser absorber par les urgences du moment. Nombre de ceux qui l'ont précédé ont fait montre de bonne volonté eux aussi. Cela n'a pas toujours été suffisant.
Exergue : Sur ce versant, François Braun devra batailler ferme pour s’imposer.
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