Selon les calculs du LEEM (Les Entreprises du Médicament), « la moitié des 10 milliards d'euros d'économies réalisés au bénéfice de l'Assurance-maladie au cours des trois dernières années proviennent des contributions des industriels du médicament. »
La Fédération française de l'industrie pharmaceutique, qui s'exprimait le 4 octobre à la veille de l'examen en conseil des ministres du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), ne décolère pas. Son président, le Dr Patrick Errard, juge ironiquement que « ce PLFSS 2017 ressemble furieusement aux autres », et contraint les industriels à la « non-croissance programmée ».
La politique du rabot
« Pour la troisième année consécutive, continue l'organisation patronale, les économies demandées au médicament atteignent près de la moitié des économies dans le champ de l'ONDAM (objectif national des dépenses de l'Assurance-maladie) », soit environ 1,7 milliard d'euros.
Le LEEM note au passage que l'embellie des comptes profite à tout le monde, sauf à ses principaux contributeurs, qui continuent à souffrir de la « politique de rabot » menée par les pouvoirs publics. « Dans les précédents PLFSS, continue Patrick Errard, on baissait les prix des produits matures, des génériques ; en 2017, on s'attaque désormais à l'innovation. »
Le LEEM a dans le collimateur les mesures spécifiques aux médicaments récents ou innovants contenues dans le prochain PLFSS. Le syndicat patronal de l'industrie prédit que leur mise en œuvre conduira à une diminution de l'attractivité de la France, à une baisse des investissements des entreprises du médicament (déjà - 4,5 % entre 2010 et 2013), et à une révision de leur business model.
Les ventes de médicaments ont stagné en France en 2015, à 27,8 milliards d'euros, à l'inverse des autres grands marchés européens, dont certains, comme l'Espagne ou l'Angleterre, ont connu des croissances à deux chiffres (+ 16 % pour l'Espagne).
Pas d'intention machiavélique
Le patron du LEEM a aussi réagi aux propos du Pr Agnès Buzyn sur les prix de certaines innovations. La présidente de la HAS s'est récemment émue de ce que certains laboratoires présenteraient leurs nouveaux médicaments en ciblant tout d'abord une maladie orpheline. Ils obtiendraient ainsi un bon prix de remboursement, et multiplieraient par la suite les indications, multipliant du même coup le nombre de patients potentiels, avec un prix de remboursement inchangé.
« En matière de produits innovants, lui répond Patrick Errard, la recherche se fait en entonnoir inversé. On commence par cibler une indication, puis on élargit. Il n'y a pas chez nous d'intention machiavélique, ce process vient de la recherche et des exigences éthiques. » Le patron du LEEM entonne ensuite un couplet libéral. « Dans un contexte industriel concurrentiel, juge-t-il, il y a une logique de rentabilité, de croissance et de profitabilité. sinon, ça ne fonctionne pas. Sans profit, pas de recherche, et pas d'innovation. »
Patrick Errard reconnaît cependant que cette logique libérale n'autorise pas à tout faire. « Nous défendons le principe de la régulation conventionnelle pour arriver au juste prix », conclut-il.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes