M. SARKOZY n’est pas le plus grand perdant du premier tour : avec 27,18 % des suffrages, il ne se situe pas très loin de M. Hollande (28,63 %). La déception est plus grande dans le camp de François Bayrou qui, avec 9,13 % des voix, pèsera beaucoup moins sur le débat d’entre les deux tours qu’il ne l’espérait. Jean-Luc Mélenchon (11,11 %) a été largement battu par Marine Le Pen (17,90 %) qu’il avait pourtant l’intention de devancer. La candidate du Front national ne fera de cadeau à personne et, s’il le faut, laissera M. Hollande devenir président pour assurer la défaite de M. Sarkozy.
Le président sortant, qui a proposé trois débats au candidat socialiste (lequel a refusé, et se contentera de l’unique débat traditionnel), se démènera comme un beau diable dans les douze jours qui viennent. Il n’a pas d’autre choix que de s’adresser directement à chacun des électeurs du FN et du MoDem, car, d’une part les deux partis ne sont pas propriétaires de leurs suffrages, et d’autre part, ils s’opposent à toute consigne de vote. Ce qui exclut les grandes manœuvres et les combinazioni. M. Sarkozy ne dispose plus que de la parole pour convaincre. Sa tâche est sysiphienne, peut-être insurmontable.
Vers qui se tourner ?
Non sans lucidité, le président actuel constate qu’il faut s’adresser à l’inquiétude de l’électorat FN et comprendre ses motivations. En même temps, il mesure aujourd’hui son erreur : il a cru rééditer en 2012 sa stratégie de 2007, qui consistait à cultiver les thèmes de l’extrême droite pour amener vers lui son électorat. La méthode fut efficace il y a cinq ans, elle a abouti cette année au résultat que l’on sait. Persévérer dans cette voie ne semble pas pertinent, encore que M. Sarkozy ne sache plus vers quelles réserves de suffrages il peut maintenant se tourner. Il sait que mélenchonistes et Verts voteront, presque comme un seul homme, pour M. Hollande. Quant aux électeurs du Front, ils sont guidés pour la plupart par leur hostilité profonde à l’homme Sarkozy et à son programme. Tout ce que le président peut leur dire, c’est qu’ils seraient incohérents s’ils soutenaient le candidat d’une gauche qu’ils exècrent.
UNE CRISE ÉCONOMIQUE ET UN IMBROGLIO POLITIQUE AVEC LA MONTÉE DU FN
Marine Le Pen a remporté un remarquable succès avec ses 18 %, presque le double du score de son père en 2007. Cette très vive progression est aussi à mettre au compte d’une crise mondiale qui, en Europe, s’est traduite par la montée inquiétante de l’extrême droite. La France n’a pas échappé au phénomène : la combinaison de plusieurs facteurs, crise, immigration et insécurité, transforme les démocraties parlementaires et rend les peuples européens, qui ont la mémoire courte, sensibles à la démagogie et à l’autoritarisme. La solution ne consiste ni à céder à ce mouvement de fond ni à préférer, au nom de l’éthique, le laxisme migratoire ou la bienveillance pour les délinquants. La droite classique et la gauche n’ont pas encore trouvé les instruments capables d’apaiser la colère sociale et l’indignation politique.
Mme Le Pen et M. Bayrou réclament l’introduction de la proportionnelle dans les scrutins nationaux. MM. Sarkozy et Hollande ont tous deux promis d’y réfléchir. La démocratie ne résistera pas aux assauts de l’extrême droite si, au nom d’une élémentaire justice, elle permet au Front national de disposer d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Il y des moments où le cynisme devient une arme pour les démocrates aussi. La proportionnelle pourrait, en outre, être utilisée par la gauche pour achever l’UMP, qui n’est déjà pas dans sa meilleure forme, en faisant apparaître sur sa droite une formation dont la représentation parlementaire ne se constituera qu’au détriment de la droite classique. Cela accentuera le clivage entre les deux camps et rique de conduire le pays à des désordres. Prônée par M. Mélenchon et par Arnaud Montebourg (PS), la fameuse VIè République ne serait pas autre chose que le « régime des partis » dénoncé par de Gaulle et qui eut raison, en 1958, de la IVè.
François Hollande devrait l’emporter le 6 mai. Si c’était le cas, il aurait à affronter non seulement une crise économique, financière et sociale qui n’est toujours pas résolue, mais un imbroglio politique déclenché par l’ascension de l’extrême droite.
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